A 72 ans, Bernard Batéjat, médecin coordinateur pour l'association Cordia, a entrepris une faim lundi 17 février pour dénoncer le report de l'ouverture d'une nouvelle structure médicalisée à La Rochelle. Un nouvel établissement destiné à accueillir les sans-abri nécessitant des soins devait ouvrir lundi 17 février, à La Rochelle. Les dossiers des patients étaient sélectionnés, l'unité de quinze lits d'accueil médicalisés (LAM) était prête, et le personnel était sur le qui-vive. Mais les personnes sans domicile fixe ont trouvé porte close. En cause, un avis négatif de la commission communale de sécurité qui pointe une petite vingtaine de défaillances. Principal point de crispation : les couloirs des chambres de l'unité trop étroits qui ne permettent pas de sortir les lits en cas d'alerte incendie. "On nous a demandé de pouvoir sortir les lits des chambres alors que ça ne se fait plus du tout, explique à Egora Bernard Batéjat, l'unique médecin de la structure construite par l'association Cordia. Actuellement à l'hôpital, quand on veut sortir un patient de sa chambre en cas d'incendie, on attrape les draps et on tire le patient avec les draps dehors. On ne sort les lits que pour passer une radio ou aller en salle d'opération." 15 emplois menacés L'avis de la commission étant consultatif, l'établissement aurait pu ouvrir, "mais ça veut dire que l'on devient responsable de tout, alors qu'on a fait ce qu'il fallait", Bernard Batéjat. Les plans déposés de l'établissement avaient, en effet, été acceptés et l'ARS avait vérifié la conformité des lieux. "Subitement, on nous sort cette espèce de règle nouvelle qui ne correspond plus à rien", dénonce le praticien.
Pour dénoncer cette situation, Bernard Batéjat s'est installé dans le parking du bâtiment et a dormi dans sa voiture. Le médecin a également entrepris une grève de la faim à la surprise de ses collègues. "Ils m'ont dit que finalement, c'était peut-être la seule solution pour ne pas fermer", raconte-t-il.
Une décision qui lui semblait "nécessaire" à prendre en tant qu'unique médecin. D'autant que 15 emplois étaient menacés à cause...
du report de l'ouverture de la structure. "Toutes les infirmières qui avaient été engagées se seraient nécessairement retrouvées au chômage", rapporte le Dr Batéjat. "En plus, le report bloquait toutes les filières dont les hôpitaux où des SDF étaient hospitalisés." Nouvelle visite de la commission "Je ne suis pas quelqu'un de très patient et je n'avais pas envie d'attendre six mois, de repasser de commissions en commissions, pour que ça s'arrange, j'ai décidé de faire la grève de la faim", raconte le praticien. "La mairie m'a contactée très vite pour me demander ce qu'il se passait." Son initiative a porté ses fruits en quelques jours puisque le 21 février, soit une semaine après la date prévue d'ouverture, il rencontrait le maire de La Rochelle, Jean-François Fountaine. S'en est suivie une nouvelle visite de la commission communale de sécurité qui a finalement donné son feu vert. "On m'a apporté tous les éléments pour que ce ne soit plus nécessaire de continuer ma grève de la faim, qui n'a duré finalement que deux jours. Je pense que mon action a fortement accéléré les choses", a confié le Dr Batéjat.
Dix personnes sans-abri ont donc finalement pu intégrer l'établissement ce vendredi 21 février. Elles souffrent de maladies cardiaques, de diabète, ou encore d'addiction.
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