Mis en cause par des dizaines de patients, un chirurgien contre-attaque

14/05/2019 Par Yvan Pandelé
Faits divers / Justice
Le chirurgien du dos grenoblois mis en cause par plusieurs dizaines de patients et surnommé le "chirurgien de l'horreur" dans la presse a contre-attaqué via son avocat. Dénonçant un "lynchage médiatique", il a déposé plusieurs plaintes pour diffamation et dénonciation calomnieuse.

  Ce chirurgien du dos à la clinique des Cèdres d'Echirolles (près de Grenoble) est attaqué de toutes parts par ses anciens patients. À ce jour, au moins sept plaintes ont été enregistrées et des dizaines de témoignages ont filtré dans la presse, évoquant des interventions injustifiées et d'importantes séquelles, dont deux amputations. L'avocat grenoblois Édouard Bourgin, spécialiste des erreurs médicales, évoque 80 patients qui envisageraient de porter plainte auprès de son cabinet. Lors d'une conférence de presse, l'avocat du chirurgien contesté, Me Bernard Boulloud, a lancé la contre-attaque judiciaire. Critiquant un "lynchage médiatique d'une violence inouïe", l'avocat a indiqué que son client était "très abattu". Il a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation contre quatre patients et les proches d'un homme décédé en 2017 qui à la suite d'une opération menée par le spécialiste, accusé d'être responsable de son décès dans la presse. Une plainte pour dénonciation calomnieuse a aussi été déposée à l'encontre d'une patiente ayant témoigné dans la presse. Si le médecin "engage ces procédures à tour de bras, c'est parce qu'à tour de bras on le traîne dans la boue", a affirmé l'avocat. Présent aux côtés de Me Boulloud, le Pr Philippe Merloz, professeur de chirurgie orthopédique et traumatologique au CHU de Grenoble de 1994 à 2014, a apporté son soutien au chirurgien attaqué. Il a évoqué "son étonnement et de son incompréhension totale" devant l'affaire et a défendu le parcours de ce spécialiste du rachis.

L'affaire prend son origine dans une plainte de la CPAM de l'Isère, qui avait découvert 54 dossiers suspects en 2013 et 2014. En janvier 2019, l'Ordre a condamné le chirurgien à 18 mois de suspension pour des "manquements d'une extrême gravité et un comportement gravement fautif contraire aux obligations qui s’imposent à tout médecin". Son avocat déclare avoir saisi le Conseil d'État contre la sanction du Cnom, et dénoncé dès février au CDOM de l'Isère l'un des médecins-conseil de la CPAM responsables de l'enquête. La presse a également eu droit à son lot de plaintes : Le Parisien, 20 minutes et le Dauphiné Libéré sont poursuivis pour diffamation. Le chirurgien fait l'objet d'une enquête préliminaire pour "escroquerie" et "mise en danger de la vie d'autrui" instruite par le parquet de Grenoble depuis décembre 2016. [Avec AFP et Le Parisien

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