Les plus hautes autorités de l’État l’ont dit : des taxes ne valent pas la mort d’un homme ou son infirmité à vie, mais le pire, prévient l’Élysée, peut arriver.
Bon soldat, totalement inaudible dans cet embrasement de violences, la ministre de la Santé a bien tenté d’argumenter sur les ondes pour défendre notre système social, "le meilleur du monde" et très efficient amortisseur de crise. La Sécu l’a encore prouvé en 2008, où les digues sociales ont tenu, face à la déroute économique. Alors qu’il n’en a pas été de même, loin de là, dans les pays qui nous entourent. Mais le son est brouillé. S’ils parlent de santé, les gilets jaunes ne brandissent que "désertification médicale", "déremboursement de médicaments", "fermeture de petites maternités", "recul des services publics", des éléments tangibles, indéniables, pénalisants sur le terrain, mais qui peuvent aussi revêtir une logique soit de sécurité, soit d’économies. Notamment pour permettre la prise en charge de molécules innovantes et extrêmement coûteuses et ainsi soigner les patients atteints d’hépatite C ou de cancer, quels que soient leur richesse ou leur statut. L’augmentation refusée des taxes sur le carburant interdit ce changement de focale. Les gilets jaunes se sont pris de plein fouet, presque sans rien dire, trente ans d’incurie de l’État dans la gestion du numerus clausus, des années de recul politicien face à la carte sanitaire et au pouvoir des maires, d’allégeance devant les baronnies régionales, de chômage de masse. En arrière-plan, la Sécu leur a permis de surnager. Mais devant leurs braseros sur les ronds-points, dans les barrages, ils n’en ont que faire. Ignorant cet ange gardien unique en Europe, et même dans le monde, ce sont des actes visibles qu’ils exigent.
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