Emmanuel Macron va inaugurer mercredi à Montpellier le 42e congrès de la Mutualité française, où il pourra rappeler ses promesses engagées, mais aussi répondre à la crise des hôpitaux au moment où la Sécu retrouve des marges de manoeuvres budgétaires.
Il a longtemps fait planer le doute, mais le président de la République ira bien au grand raout triennal des mutuelles, comme tous ses prédécesseurs depuis 1982, a confirmé l'Élysée samedi. Le chef de l'État sait depuis deux semaines qu'il pourra y annoncer la réalisation d'une promesse emblématique du candidat Macron : le "reste à charge zéro", c'est-à-dire le remboursement intégral de certaines lunettes, prothèses dentaires et audioprothèses. Trois négociations parallèles avaient été lancée à l'automne, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait fixé l'échéance "au mois de mai". Le calendrier a été tenu in extremis pour les dentistes, qui ont trouvé fin mai un accord avec l'Assurance maladie. Pour les deux autres secteurs, la publication de textes réglementaires est imminente, selon plusieurs sources ayant participé aux discussions avec le ministère. Symbole de la volonté de "protéger" affichée par l'exécutif, cette réforme se fera par étapes à partir de 2020. Elle coûtera plusieurs centaines de millions d'euros à la Sécu et aux complémentaires santé, priées de ne pas faire flamber leurs cotisations. Au registre du "je fais ce que j'ai dit", Emmanuel Macron pourra également revendiquer le remboursement des traitements antitabac, et celui de la télémédecine, en passe d'être accepté par les syndicats de médecins. Si l'an un du quinquennat a mis l'accent sur la prévention et l'accès aux soins, c'est toutefois sur l'hôpital que le chef de l'Etat est le plus attendu, après une année 2017 catastrophique sur le plan comptable : plus d'un milliard d'euros de déficit pour les seuls établissements publics. "Macron et son équipe avaient sous-estimé la situation des hôpitaux. Ça les a rattrapés à leur corps défendant", estime un haut responsable du secteur. Le gouvernement a donné en février le coup d'envoi d'une réforme "globale" du système de santé, en grande partie consacrée à l'hôpital. Mais certaines des pistes avancées peuvent faire craindre la volonté d'abord de réduire les dépenses, comme la chasse aux actes "inutiles" ou la poursuite des regroupements entre établissements voisins. "Notre objectif n'est pas de faire des économies", a affirmé Agnès Buzyn, même si une forte contrainte continue de peser sur les dépenses de santé, dont la hausse est limitée à 2,3% par an. Une progression qui ne permet pas de financer tous les besoins, d'autant que l'exécutif vient d'accorder une rallonge budgétaire aux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) après un début de crise cet hiver. La conjoncture est pourtant propice : grâce au rebond inattendu de l'économie française en 2017, les comptes de la Sécurité sociale devraient être "quasiment à l'équilibre" cette année, puis dégager de copieux excédents à partir de 2019. De quoi "se donner des marges de manoeuvre", mais pas au point de desserrer les cordons de la bourse pour le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, qui considère qu'"il n'y a pas de cagnotte". Redoutant des jours moins fastes, la ministre de la Santé exclut aussi de "redistribuer sans objectif" et plaide pour "des réformes structurelles qui font que les dépenses s'accélèrent moins vite". Bien qu'elle ait affirmé "qu'on ne peut pas baisser les effectifs de soignants", son administration a préparé un nouveau tour de vis sur la masse salariale des hôpitaux, pour économiser 1,2 milliard d'euros d'ici 2022. Le président de la République, qui a assuré en avril qu'il n'y aurait "pas d'économies sur l'hôpital dans ce quinquennat", devra cette fois donner des gages pour en convaincre. [Avec l'AFP]
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