"Toute puissance médicale", acharnement, incompétence : des soignantes disent stop au "mal mourir"
Persuadées que la légalisation de l'euthanasie n'est pas la solution, ces 11 cadres de santé, infirmières et aides-soignantes adressent une tribune au député Jean-Louis Touraine, qui en a fait son cheval de bataille. Elles pointent leurs difficultés de terrain, notamment face aux médecins.
"Nous sommes les mains médiatiquement invisibles mais qui pourtant prennent soin à chaque instant du jour et de la nuit de patients en fin de vie", lancent ces infirmières et aides-soignantes. Confrontées quotidiennement à la souffrance et à la détresse des patients et des familles, elles sont témoins de "certaines indifférences, voire incompétences pour les soulager, mais aussi de situations scandaleuses d’acharnement thérapeutique".
"Nous sommes bien démuni.e.s lorsqu'un médecin insuffisamment formé à la culture palliative, ne juge pas nécessaire de prescrire les médicaments indispensables à soulager souffrances et douleurs. Ou bien lorsqu'il continue à se réfugier dans une obstination déraisonnable pourtant interdite par la loi, parce que mettre des mots sur la réalité n'est pas exercice facile, au-delà d'être chronophage", écrivent-elles dans une lettre adressée au député LREM -et médecin- Jean-Louis Touraine. "Lorsque nous sommes réduit.e.s à un rôle purement technique et considéré.e.s comme des subalternes, ou que nous nous heurtons à une forme de toute-puissance médicale, ignorante de l’indispensable concertation collégiale, nous ne pouvons ni accompagner ni soulager correctement les patients", alertent-elles.
"En colère" face au manque de moyens, ces soignantes s'insurgent contre la "seule alternative à ce mal-mourir" proposée par 156 députés : la légalisation de l'euthanasie. Constatant que la demande d'accélérer la survenue du décès se dissipe "lorsque la prise en charge est adaptée au cas par cas, et mise en œuvre par une équipe cohérente et efficiente", les signataires réclament pour tous les professionnels "une formation spécifique" afin de développer "de vraies connaissances en soins palliatifs", et le temps nécessaire pour les mettre en œuvre. "Mourir dans la dignité n’est certainement pas mourir d’une injection létale administrée par un médecin dont ce n’est pas le rôle", affirment-ils.
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