Halte au feu !

06/10/2017 Par Catherine le Borgne

Et voilà maintenant qu’un énorme pavé (488 pages) atterrit chez les libraires, couverture noire comme il se doit et lettres rose fuchsia*, pour dénoncer les "maltraitances gynécologiques et obstétricales". Et "libérer la parole des femmes". Les bonnes feuilles de ce brûlot, où femmes ou couples "victimes" tirent à balles réelles sur les auteurs des pratiques dénoncées, ont évidemment déjà fait les unes de nombreux quotidiens, magazines ou sites Internet depuis quelques jours. Repris avec une gourmandise perverse par les réseaux sociaux et contribuant ainsi, sans recul ni analyse, à discréditer un peu plus un corps médical qui n’en peut mais. On y parle de "viol obstétrical", terme popularisé par le Dr Martin Winckler, auteur de La Maladie de Sachs, d’humiliations, de violences et, pourquoi pas -allons-y !- d’inhumanité de la part de professionnels du bloc, pourtant et légitimement plus obsédés par le sauvetage d’une vie que par les explications à donner à une parturiente ou à son conjoint en détresse. Mais le pire, pourrait-on dire, c’est que l’exemple vient d’en haut, lorsque la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes et ex-féministe digitale hyperactive, Marlène Schiappa, a entrepris voici quelques semaines de dénoncer le nombre d’épisiotomies réalisées (75 % des naissances, affirmait-elle) dans notre pays. Pourcentage immédiatement contesté, chiffres à l’appui, par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). La secrétaire d’État a demandé un rapport au Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes sur les violences obstétricales. Dans la lignée, semble-t-il, de l’action qu’elle mène contre le harcèlement de rue, ou contre les violences conjugales. On apprécie l’abrasion du contexte de soins, où le thérapeute devient cogneur, et la patiente victime. Épuisé, "burn outé", le corps médical mérite franchement mieux que ce bashing aveugle, qui plus est, béni par un membre du gouvernement.   * « Le Livre noir de la gynécologie », Mélanie Déchalotte. Éditions First.

 
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