Guadeloupe et Martinique sont depuis la mi-août en phase épidémique pour la dengue, cette maladie tropicale, qui se transmet essentiellement par les piqûres de moustique et se manifeste généralement par de fortes fièvres, des maux de tête, des courbatures, des nausées et des éruptions cutanées. "Ce qui est particulier au cours de cette épidémie, c'est qu'il y a très fréquemment des signes digestifs qui sont associés aux douleurs : nausées, pertes d'appétit, douleurs au ventre et diarrhées", a indiqué sur Radio Caraïbes International le Pr André Cabié, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au Centre hospitalo-universitaire (CHU) de la Martinique. Les professionnels de santé surveillent particulièrement les patients atteints de drépanocytose, très répandue dans les populations noires des Antilles. "On sait que ces personnes-là sont très à risque de faire des formes graves", a précisé le Pr Cabié. "Il est vraiment important, dès le début des symptômes, de consulter très rapidement un médecin pour démarrer la prise en charge le plus tôt possible", a-t-il ajouté. En Guadeloupe, huit personnes ont été hospitalisées entre le 31 août et le 3 septembre, et neuf en Martinique, où les urgentistes et le Samu ont demandé à la population de se tourner vers la médecine de ville pour désengorger les urgences, selon Yannick Brouste, responsable des urgences du CHU de Martinique. "Habituellement on est sur 120 passages par jour, là on est plutôt sur du 150 avec des pics à 180, ce qui est plutôt exceptionnel", a-t-il déclaré. Résistance aux insecticides En l’absence de traitement spécifique, les autorités sanitaires redoublent de message de communication autour des bons gestes à adopter : éliminer, après chaque pluie, les points d'eau stagnante dans lesquels les larves de moustiques se développent, utiliser des répulsifs, porter des vêtements longs... L'usage des insecticides est moins efficace pour lutter contre la prolifération des moustiques, selon Anubis Vega-Rua, responsable du laboratoire d'études sur le contrôle des vecteurs de l'Institut Pasteur en Guadeloupe, car le moustique "a développé une résistance importante aux insecticides". L'usage de différentes molécules depuis les années 1950, explique-t-elle, a éliminé tous les insectes sensibles à ces produits, ne laissant vivre que ceux qui y résistaient. "La lutte chimique connaît là une limite", note Anubis Vega-Rua, qui réfléchit, avec d'autres scientifiques, à "des méthodes alternatives" moins nocives pour la biodiversité et l'environnement, comme la stérilisation des moustiques ou encore l'inoculation de bactéries. "Il faut aussi que la lutte vectorielle soit totale sur le territoire", note la scientifique, évoquant les problèmes d'eau qui poussent les habitants à stocker des barils où les moustiques peuvent se reproduire. Elle appelle aussi à prendre en compte le sujet dans les projets d'urbanisme. Si, pour l'heure, une seule espèce de moustiques vecteur de la dengue, l'Aedes aegypti, sévit aux Antilles françaises, "ce n'est qu'une question de temps" avant que le moustique dit "tigre", l'Aedes albopictus, déjà présent en Europe, n'arrive sur les rivages de Guadeloupe et Martinique.
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