Des études préalables ont montré une augmentation de la mortalité chez les sujets transgenres. Néanmoins, on ne sait pas si cette augmentation de la mortalité est toujours d’actualité. Ceci a amené l’équipe d’Amsterdam spécialisée dans la dysphorie de genre à analyser les tendances en termes de mortalité sur les 50 dernières années dans une grande cohorte de sujets transgenres adultes et d’analyser les causes de cette mortalité. Il s’agissait d’une étude de cohorte rétrospective des sujets adultes transgenres enregistré à la consultation d’identité du genre du Centre Universitaire Médical d’Amsterdam, aux Pays-Bas. Les données des sujets transgenres qui avaient reçu un traitement hormonal entre 1972 et 2018 ont été reliées aux données des statistiques démographiques des Pays-Bas. Entre 1972 et 2018, 8 831 sujets ont consulté dont 4 263 ont été exclus pour différentes raisons (autres traitements que la testostérone ou l’estradiol, âge < 17 ans, utilisation de bloqueurs de la puberté…). Au final, 2 927 femmes transgenres et 1 641 hommes transgenres traités par testostérone ou estradiol ont été inclus dans cette étude avec un suivi total de 40 232 personnes/année pour les femmes transgenres et 17 285 personnes/année pour les hommes transgenres. Au cours du suivi, 317 (10.8 %) des femmes transgenres sont décédées, ce qui était supérieur à la mortalité attendue dans la population générale masculine (rapport standardisé de mortalité RSM = 1.8 ; 1.6 – 2) et dans la population générale féminine (SMR = 2.8 ; 2.5 – 3.1). La mortalité en fonction de la cause chez les femmes transgenres était supérieure pour les maladies cardiovasculaires, le cancer du poumon, les maladies en relation avec le VIH et le suicide. Chez les hommes transgenres, 44 sujets (2.7 %) sont décédés, ce qui était également supérieur à la mortalité attendue en comparaison de la population générale féminine (SMR = 1.8 ; 1.3 – 2.4) mais non de la population générale masculine (SMR = 1.2 ; 0.9 – 1.6). Les causes de décès chez les hommes transgenres étaient supérieures pour les causes non naturelles de décès. Il n’y a pas eu de diminution du risque de mortalité sur les 50 dernières années. En conclusion, cette étude d’observation montre une augmentation de la mortalité chez les transgenres qui utilisent des traitements hormonaux, quel que soit le type de traitement. Ce sur-risque de mortalité ne diminue pas au cours du temps. Le risque de mortalité en fonction des causes est dominé par le cancer du poumon, le risque cardiovasculaire, les pathologies liées au VIH et le suicide. Il n’y a donc pas réellement d’élément pour penser que le traitement hormonal a un effet spécifique mais plutôt qu’il est nécessaire de mieux prendre en charge les comorbidités et les facteurs de style de vie.
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