Asthme : des pistes pour améliorer la prise en charge

12/02/2020 Par Corinne Tutin
Pneumologie
Selon une enquête, 40% des asthmatiques n’auraient jamais vu de pneumologues ou d’allergologues. Force est de constater qu’il reste beaucoup à faire pour améliorer la prise en charge de cette maladie. Cette pathologie a donc été largement abordé lors du 24e Congrès de pneumologie de langue française, qui a été organisé à Paris du 24 au 26 janvier 2020, et qui avait pour fil rouge l’asthme et l’allergie, et pour fil « orange » la médecine 4P (prédictive, préventive, personnalisée, prédictive) qui se développe.

Le parcours des soins reste à améliorer dans l’asthme, « et ce aux deux extrêmes de la maladie », a souligné le Pr Nicolas Roche (Hôpital Cochin, Paris), président de la Société de pneumologie de langue française. « Certains asthmes pas si légers que cela et mal identifiés auraient besoin d’un traitement de fond qu’ils n’ont pas. Des asthmes sévères sont mal reconnus et les patients n’ont pas accès aux biothérapies et à la thermoplastie bronchique ». « L’éducation thérapeutique, même non formalisée et sous forme d’accompagnement thérapeutique, est insuffisamment développée, alors que son rôle est reconnu pour renforcer l’adhésion au traitement et on voit encore des contre-indications à la pratique du sport, alors qu’à l’exception d’asthmes très sévères, l’activité physique est préconisée dans cette maladie respiratoire ». Certaines familles se plaignent aussi que des écoles refusent d’appliquer des projets d’accueil individualisés (PAI).  

Un autre problème est représenté par la difficulté pour les patients de consulter un spécialiste, pneumologue ou allergologue. Il est recommandé que les asthmatiques voient au moins une fois celui-ci au cours de la prise en charge, en particulier pour bénéficier d’une exploration de la fonction respiratoire. Pourtant, un sondage entrepris auprès de 502 patients asthmatiques à l’initiative de la SPLF et d’autres sociétés savantes et associations de patients (Fédération française de pneumologie, Fondation du souffle, Fédération française des associations et amicales de malades insuffisants ou handicapés respiratoires, Société française d’allergologie, Société pédiatrique de pneumologie et allergologie, Association asthme et allergie) vient de révéler que 40 % des asthmatiques n’ont jamais vu de pneumologue ou d’allergologue, le chiffre étant encore plus élevé pour les patients habitant une commune rurale. En outre, 29 % des asthmatiques ont estimé que l’accès à un spécialiste est difficile, principalement en raison de trop longs délais de rendez-vous (72 %) mais aussi pour des raisons de proximité géographique (24 %). Et, 27 % d’entre eux ont déclaré être passés aux urgences, « un chiffre relativement élevé », juge le Pr Roche, « et qu’on ne comprend pas trop sauf dans le cas des asthmes sévères, qui touchent environ 5 % des patients ».   Des inégalités sociales et territoriales Un livre blanc devrait être prochainement créé par les différentes sociétés savantes et associations de patients à l’origine du sondage pour « mieux appréhender les inégalités d’accès aux soins, mais aussi les inégalités sociales qui influencent l’exposition à la pollution, aux allergènes, aux moisissures présentes dans les domiciles », a expliqué le Pr Roche. Les pneumoloques espèrent...    

qu’une meilleure collaboration des différents acteurs de santé améliorera la prise en charge des patients asthmatiques. « Ce qui relève souvent d’initiatives locales et de professionnels de terrains sensibilisés et motivés, mais pourrait être formalisé avec le développement des Communautés professionnelles territoriales de Santé (CPTS), et la mise en place du dossier médical partagé », a admis le Pr Roche. « Il faudrait tirer parti d’un passage aux urgences, trop souvent négligé pour mettre en place un traitement de fond, organiser un rendez-vous avec médecin traitant et pneumologue », considère le spécialiste. « Il n’existe pas une solution mais des solutions (recours aux médecins de ville, consultations post-urgence, services ou non d’une infirmière de coordination ...) qui devront à chaque fois s’adapter avec souplesse aux ressources locales de soins », a appuyé le Pr Christophe Leroyer (CHU de Brest), qui était en charge de l’organisation de ce congrès.  

A l’hôpital, certaines interventions contribuent à sécuriser le parcours de soins des malades asthmatiques comme la conciliation médicamenteuse, qu’effectuent les pharmaciens hospitaliers (voir encadré). « Les agences régionales de santé financent certaines de ces expériences de conciliation », a signalé le Pr Leroyer qui propose lui-même volontiers cette intervention à ses patients avec des comorbidités.   De nouvelles recommandations en cours d’élaboration En 2019, l’initiative Global initiative for asthme (Gina), a proposé de faire évoluer le traitement de l’asthme léger à modéré en conseillant l’utilisation dès le palier 1 de corticoïdes inhalés en plus des bêta-2 mimétiques, alors que le traitement reposait jusqu’ici sur les seuls bronchodilatateurs de courte durée d’action. Cette proposition...    

fait l’objet de débats entre experts et de discussions de la part des pneumologues français et il n’est pas certain qu’elle soit retenue, tout au moins en l’état, dans notre pays. La SPLF devrait prochainement publier une mise au point à ce propos. Par ailleurs, de prochaines recommandations sur la prise en charge de l’asthme sont en cours d’élaboration. Dans l’asthme sévère, la SPLF a mis en place une étude de cohorte, Ramses, qui a débuté durant l’été 2019 et pourrait impliquer une centaine de centres français. « Un de ses objectifs est de préciser quelles sont les caractéristiques des patients qui vont recevoir des traitements d’exception, biothérapies, thermoplastie dans la vraie vie et quels sont les effets de ces traitements », a expliqué le Pr Roche.   Quand le pharmacien améliore les prescriptions des asthmatiques

Au CHU de Lille, les pharmaciens hospitaliers se sont entretenus durant 4 mois avec 37 patients asthmatiques hospitalisés, ont appelé leur pharmacien de ville, de façon à vérifier les prescriptions avec l’accord de l’équipe pneumologique. Résultat, 49 erreurs identifiées, lors de l’admission, 31 à la sortie, qui le plus souvent concernaient des médicaments à visée respiratoire. Ces erreurs ont incité ces pharmaciens à proposer une adaptation posologique (38,8 % à l’entrée, 22,6 % à la sortie), un ajout de traitement (26,5 % et 32,3 %), une substitution (16,3 % et 19,4 %), une autre modalité d’administration (12,2 % et 19,4 %), moins fréquemment un arrêt de traitement (6,1 % et 6,5 %). « Ces préconisations ont été acceptées par les médecins dans 96,8 % des cas », se sont félicités A. Leleux et coll. (Institut de pharmacie, Lille).

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