L’enquête rétrospective, menée par la SFO entre février 2016 et avril 2019 sur l’ensemble des CHU français, a porté sur les traumatismes oculaires imputables aux armes sublétales, "terme qui correspond le plus souvent à des lanceurs de balles de défense (LBD) mais aussi à des grenades de désencerclement ou d’autres projectiles, les patients étant souvent incapables de désigner la source responsable du trauma car ne l’ayant pas vue", a expliqué le Pr Jean-François Korobelnik, chef de service d’ophtalmologie au CHU de Bordeaux. Une quarantaine de personnes, en général des hommes, plutôt jeunes (âge moyen de 25 ans), ont été recensés comme ayant été victimes de ces traumas, qui étaient souvent graves car s’accompagnant une fois sur deux d’une plaie ouverte, s’associant dans la majorité des cas d’une nette détérioration de l’acuité visuelle persistant malgré la prise en charge chirurgicale, et ayant même débouché chez 1 patient sur 5 sur une énucléation. Le Pr Laurent Kodjikian, qui préside la SFO, a souligné à propos de ces chiffres inquiétants "l’importance pour la société savante de jouer son rôle d’alerte" et rappelé "qu’il a adressé le 21 janvier 2019 une lettre à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, l’informant de la dangerosité des LBD à la suite de plusieurs personnes prises en charge dans les services d’urgences ayant perdu un œil à la suite de ces tirs au cours des semaines précédentes". "Le diamètre de l’orbite osseuse, qui fait 40 sur 35 mm, a un diamètre identique à celui de ces balles, 40 mm. Ce qui ne peut donc empêcher la contusion directe de l’œil en cas d’arrivée de la balle dans l’axe, ce d’autant que la vitesse et l’énergie cinétique sont très importantes et, par exemple, supérieures à celles d’une balle de squash", a-t-il précisé. La ministre, qui a accusé réception du courrier le 4 février, "a assuré au Pr Kodjikian qu’elle transmettrait l’inquiétude de la SFO au ministère de l’Intérieur". Affaire à suivre. L’étude de la SFO est en tout cas soumise à publication. Réduire les impacts écologiques
Un autre thème, qui préoccupe les ophtalmologistes, concerne la nécessité de penser le développement de cette spécialité en termes de développement durable. "L’activité de soins est en effet à l’origine de 10 % des gaz à effet de serre en France, ce qui est loin d’être négligeable", a mentionné le Pr Isabelle Cochereau, Secrétaire générale de la SFO. "Et, en ophtalmologie, on utilise souvent du matériel chirurgical pré-emballé, des dispositifs de stérilisation et des médicaments à usage unique." Il faudra opérer une prise de conscience et voir comment on pourrait trouver des solutions avec les autres professionnels de santé, les fabricants, les industriels et les politiques pour limiter l’impact écologique de l’activité de soins ophtalmologiques. IA, OCT : des diagnostics et dépistages facilités Autre sujet de réflexion, les apports de l’intelligence artificielle (IA), qui pourrait faire gagner du temps aux ophtalmologistes en les libérant de tâches répétitives et devrait les aider pour le dépistage, le traitement "mais, qu’il faut accompagner, car elle pose de nombreux problèmes éthiques", a insisté le Pr Kodjikian. Une étude conduite à partir de 800 rétinophotographies vient en effet de confirmer que les techniques d’IA contribuent à une détection automatisée du glaucome peu coûteuse, rapide (moins d’1 seconde) sensible, et spécifique (sensibilité de 0,875 et spécificité de 0,947 pour un réglage centré sur la spécificité, et respectivement de 0,975 et 0,847 pour un réglage basé sur la sensibilité) (Le Page LM, Quellec G, Hijazi B, et coll., Brest). Ce qui pourrait en faire un outil très utile pour le dépistage de masse. Le recours à l’IA améliore aussi les performances diagnostiques de l’OCT*, ou tomographie par cohérence optique, "une méthode d’imagerie permettant grâce à un laser infrarouge de visualiser et mesurer surfaces et épaisseurs de la cornée, de l’iris, du cristallin, du vitré, de la rétine et du nerf optique", a indiqué le Pr Korobelnik. L’OCT, auquel un rapport de la SFO vient d’être consacré, est de plus en plus employée en complément de l’examen clinique pour la prise en charge du glaucome, des affections du nerf optique, et pour le diagnostic et le suivi, notamment lors des injections intra-vitréennes, de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et de la rétinopathie diabétique. * Optical Coherence Tomography
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