Hyperprolactinémie traitée par agoniste de la dopamine : gare aux effets psychologiques

14/12/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Le traitement médicamenteux de l’hyperprolactinémie et des adénomes à prolactine repose sur les agonistes de la dopamine (AD). Récemment, plusieurs publications ont fait état des effets secondaires psychologiques des AD, qu’il y ait ou non une pathologie psychiatrique sous-jacente.

Une équipe américaine a donc mené une revue systématique des études prospectives et rétrospectives depuis 1976, évaluant le profil psychologique de patients traités par AD atteints d'hyperprolactinémie ainsi que des séries de cas et des rapports de cas de complications psychiatriques. Comparativement aux témoins, les patients atteints d'hyperprolactinémie avaient généralement une moins bonne qualité de vie, des scores d’anxiété et de dépression plus sévères et développaient certains traits de personnalité. Les patients recevant des AD avaient aussi des scores d’impulsivité plus élevés que les témoins normoprolactinémiques non traités. Des troubles du contrôle des impulsions ont été rapportés dans les deux sexes, avec principalement une hypersexualité chez l'homme. Des troubles du contrôle des impulsions multiples ont parfois été rapportés chez le même patient, généralement réversibles après l’arrêt du traitement par AD. Dans quelques cas rapportés, le traitement par AD s’est accompagné de la survenue contemporaine d’une dépression sévère, d’épisodes maniaques ou d’une psychose, qui se sont améliorés à l'arrêt du traitement et après l'administration de médicaments psychiatriques. Ni le sexe, ni le type de DA, ni la dose, ni la durée du traitement ne sont corrélés à l'apparition d'une pathologie psychiatrique. En conclusion, les patients atteints d'hyperprolactinémie et bénéficiant d’AD peuvent développer des modifications de l'humeur et du comportement, et cela même en l’absence d’antécédents psychiatriques. Il faut donc sensibiliser les médecins qui prescrivent des AD à la possible survenue chez leurs patients d’une dépression, d’épisodes maniaques ou d'autres types de psychose. Il faut aussi mener des études cliniques prospectives contrôlées pour mieux définir la prévalence, stratifier le risque et la prise en charge de ces troubles.

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Michel Lemariey-Barraud

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