Cœur d’athlète : des spécificités à connaître
Le cœur d’athlète présente des caractéristiques qui peuvent sembler anormales mais qui ne sont pas pathologiques. A l’examen, il faudra néanmoins rechercher la présence de maladies cardiovasculaires, même si toutes ne sont pas décelables.
Le cœur d’athlète, dans sa physiologie et son fonctionnement, peut être considéré comme anormal. "Mais 'anormal' ne veut pas dire forcément 'pathologique'", a pointé le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHRU de Rennes, professeur à l’Université de Rennes 1 et chercheur à l’Inserm, lors d’une séance de l’Académie de médecine sur la médecine des Jeux olympiques et paralympiques, le 19 juin. En effet, chez le sportif de haut niveau, le système cardiovasculaire est adapté pour la performance : le cœur est plus lent, se remplit plus et se vide mieux à l’effort.
"Le cœur d’athlète regroupe des adaptations physiologiques, électriques, morphologiques (hypertrophie harmonieuse et modérée des quatre cavités) et fonctionnelles, associées à des adaptations morphologiques et fonctionnelles vasculaires. Les réponses cardiovasculaires et hormonales à l’exercice dépendent du sexe, de l’âge, de l’origine ethnique, de la discipline sportive et du type d’entraînement (surtout aérobie)", a détaillé le Pr Carré.
Des signes anormaux non pathologiques…
Le sportif doit bénéficier de visites médicales comprenant interrogatoire, examen clinique et ECG de repos. Les signes du cœur d’athlète peuvent être des arythmies, une bradycardie (significative en-dessous de 50 bpm), des pauses sinusales peu marquées, une arythmie respiratoire, un bloc de branche droit incomplet et des blocs atrioventriculaires de degrés 1 et 2 type Mobitz 1, qui, s’ils sont asymptomatiques, ne sont généralement pas pathologiques et ne nécessitent pas de bilan cardiovasculaire.
L’interprétation de l’ECG est de mieux en mieux adaptée aux profils atypiques que sont les sportifs de haut niveau. La part de faux positifs est désormais estimée à 3 ou 4%, contre 20 à 30% à l’aube des années 2000. Par exemple, les nouvelles normes prennent davantage en compte l’ethnicité, les Afro-Caribéens présentant plus fréquemment le trait drépanocytaire, une anomalie de l’hémoglobine (8% contre moins de 0,1% dans d’autres ethnies).
… et des maladies asymptomatiques
Cependant, les examens ne permettent pas toujours de déceler une pathologie existante chez certains sujets a priori prédisposés. Ou favorisée par la prise de drogues (augmentation du nombre d’infarctus chez les jeunes sous cannabis) ou de substances dopantes : dilatation cavitaire engendrée par l’EPO, épaississement pariétal dû aux anabolisants…
La mort subite du sportif reste rare chez les jeunes athlètes professionnels. Elle touche plus souvent des hommes sportifs de loisir à partir de la quarantaine. Dans plus de neuf cas sur dix, la cause du décès est une arythmie provoquée par une maladie coronaire difficile à détecter. Des symptômes (palpitations…) étaient présents dans 40% des cas. D’où l’importance de sensibiliser sportifs – amateurs et professionnels – et médecins à la prévention et au dépistage précoce.
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Références :
D’après une intervention du Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHRU de Rennes, lors de la séance "Médecine des Jeux olympiques et paralympiques" organisée par l’Académie de médecine, le 19 juin.
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