Le fénofibrate serait un adjuvant utile pour réduire l’uricémie et le risque de goutte chez les diabétiques de type 2

05/04/2018 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
La goutte est une complication assez fréquente chez les diabétiques de type 2 et l’on avait la notion que le fénofibrate était susceptible d’augmenter la clairance de l’acide urique et de réduire l’uricémie.

Les résultats de l’étude FIELD (Fenofibrate Intervention and Event Lowering in Diabetes), une étude publiée en 2007, dans le Lancet, et qui avait analysé les effets du fénofibrate sur la rétinopathie diabétique, ont donc été repris dans le cadre d’une analyse post-hoc afin d’évaluer si le fénofibrate était capable de réduire de manière prolongée l’uricémie et la survenue de crises de goutte. Dans l’étude FIELD, les participants âgés de 50 à 75 ans, diabétiques de type 2 (n=9795), étaient assignés de manière randomisée à recevoir soit 200 mg par jour de fénofibrate micronisé, soit du placebo pendant 5 ans en moyenne. L’uricémie a baissé de 20.2 % (IC 95 % : 19.9-20.5) au cours de la première période de run-in de 6 semaines où tous les patients recevaient du fénofibrate avant la randomisation (soit une réduction de 0.06 mmol/l) et est restée inférieure de -20.1 % (18.5-21.7, p < 0.0001) chez les patients qui ont pris du fénofibrate en comparaison de ceux qui ont pris du placebo dans l’analyse à 1 an. Sous placebo, 151 premiers événements de goutte (3 %) sont survenus au cours des 5 années en comparaison de 81 (2 %) chez ceux qui avaient reçu du fénofibrate (hazard ratio sous traitement = 0.54, IC 95 % = 0.41-0.70 ; p < 0.001). Dans le groupe placebo, la proportion cumulée de patients ayant fait une première crise de goutte était de 7.7 % chez les patients ayant une uricémie > 0.36 mmol/l et de 13.9 % chez ceux qui avaient une uricémie basale > 0.42 mmol/l en comparaison de 3.4 % et de 5.7 % respectivement dans le groupe fénofibrate. La réduction de risque était similaire chez les hommes et chez les femmes et chez ceux qui avaient une dyslipidémie, étaient sous diurétiques ou avaient une hyperuricémie. Chez les participants qui avaient une hyperuricémie basale malgré la prise d’allopurinol au début de l’étude, il n’y avait pas d’hétérogénéité des effets du traitement du fénofibrate sur le risque de goutte. En prenant en compte toutes les crises de goutte, le fénofibrate a divisé le risque par 2 en comparaison du placebo (HR = 0.48 ; IC 95 % = 0.37-0.60, p < 0.0001). En conclusion, le fénofibrate abaisse l’uricémie de 20 % et diminue de moitié les crises de goutte au cours des 5 ans de traitement en comparaison d’un placebo. Le fénofibrate pourrait donc être un adjuvant utile pour prévenir la goutte chez les patients diabétiques.

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