Les anti-TNF α ont largement modifié, ces dernières années, le visage des maladies inflammatoires intestinales telles que la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn. Ils sont généralement utilisés seuls ou en association avec les thiopurines. On savait déjà que cette dernière classe de médicaments était associée à un risque accru de lymphome. Mais jusqu’à présent ce risque était incertain avec les anti-TNF.
C’est pourquoi une équipe de chercheurs dirigée par Mahmoud Zureik et Rosemary Dray-Spira (ANSM), avec Franck Carbonnel (Hôpital Bicêtre, AP-HP), s’est attachée à évaluer ce risque. Pour cela, ils ont utilisé une large cohorte nationale de 189 289 patients atteints de Mici (54% de femmes ; âge médian de 43 ans) constituée à partir des données du Système National d’Information Inter-Régimes de l’Assurance Maladie (Sniiram). Au total, 336 cas de lymphome ont été diagnostiqués au cours de l’étude. Les résultats des analyses montrent que les anti-TNFα seuls sont associés à un risque de survenue de lymphome multiplié par 2 à 3, tout comme les thiopurines seules. En outre, chez les patients utilisant une combinaison des deux traitements, le risque de survenue d’un lymphome était multiplié par 6. "A l’échelle individuelle, le risque d’avoir un lymphome est cependant faible et doit être mis en balance avec le bénéfice de ces traitements", précise l’ANSM. Ces résultats sont portés à la connaissance de l’Agence européenne des médicaments (EMA). "Ils doivent être pris en compte dans la stratégie de prise en charge thérapeutique des patients atteints de Mici", conclut l’ANSM.
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