Statines : des bénéfices largement supérieurs aux risques, selon une vaste étude du Lancet
Plusieurs essais cliniques ont marqué ces 10 derniers mois. Cet été, Egora revient sur quelques-unes de ces études qui ont fait l’actualité.
(Article initialement publié le 12/09/16)
Des chercheurs britanniques ont publié une vaste revue de la littérature concernant les bénéfices et les risques liés au traitement par statines. Ils espèrent, par cette étude, mettre un point final aux doutes concernant cette classe thérapeutique, en montrant que leurs bénéfices sont supérieurs aux risques.
Depuis la sortie en 2013 du livre polémique du Pr Philippe Even concernant les médicaments hypocholestérolémiants et surtout les statines, nombreux ont été les experts à rappeler l’importance de ces traitements en particulier en prévention cardiovasculaire secondaire. La Haute Autorité de santé insistait ainsi, en février 2013, sur le fait qu’en prévention secondaire "l’intérêt des statines est indiscutable". Elle se montrait plus nuancée pour la prévention primaire rappelant que "les statines sont à réserver aux personnes qui sont à haut risque" ; et constatait "un certain mésusage des statines en France". En outre, plusieurs études ont mis en évidence que cette polémique a entrainé des ruptures de traitements avec des conséquences non négligeables sur les accidents et la mortalité cardiovasculaire. "Prendre des décisions éclairées" Dans ce contexte, des chercheurs britanniques se sont penchés sur l’ensemble des études évaluant les bénéfices et les risques des statines. Leur objectif est d’ "aider les praticiens, patients, et le public à prendre des décisions éclairées concernant le traitement par statines en prévention cardiocérébrale". Ils ont donc analysé les forces et les limites des essais contrôlés et randomisés, mais aussi des études observationnelles. Ils ont ainsi conclu à la solidité des larges études randomisées, qui montraient un bénéfice en terme de morbidité et de mortalité cardiovasculaires, qui contraste avec la faiblesse des conclusions apportées par les études observationnelles. La réduction du risque d’événement vasculaire majeur serait globalement de 25% pour chaque baisse de 1 mmol/L de LDL cholesterol par an (après un an de traitement toutefois). Le bénéfice absolu dépend du risque individuel. Ainsi, les auteurs de l’étude ont calculé qu’une réduction de LDL cholesterol de 2 mmol /L avec une statine de type atorvastatine (40mg/j) pris pendant une durée de 5 années par 10 000 patients ayant une maladie cardiovasculaire occlusive (prévention secondaire), permettait d’éviter 1000 événements cardiovasculaires (10% de bénéfice absolu). Ce bénéfice était de 5% (500 événements prévenus) en cas de prévention primaire chez des sujets à risque mais sans maladie cardiovasculaire avérée. Les auteurs soulignent le faible cout du traitement et le fait que le bénéfice est d’autant plus important que le traitement est pris sur du long terme. Nombreux sont les effets secondaires à être faussement attribués au traitement par statines Concernant la tolérance des statines, les auteurs rapportent que les seuls effets secondaires clairement établis sont des myopathies (définies par l’association de douleur musculaires, faiblesse et augmentation des CPK) avec environ 5 cas pour 10 000 patients traités pendant 5 ans, l’apparition de diabète de type 2 (50-100 nouveaux cas), et "probablement" des accidents cérébraux (5 à 10 cas). Cependant, pour les auteurs, ces chiffres sont déjà pris en compte dans le calcul du bénéfice. Les troubles musculaires bénins seraient de l’ordre de 50 à 100 cas pour 10 000 patients pendant 5 ans. Mais, selon les auteurs nombreux sont les effets secondaires à être faussement attribués au traitement par statines. Les chercheurs britanniques espèrent, par cette étude, mettre un point final aux doutes concernant cette classe thérapeutique, en montrant un bénéfice de ces molécules, supérieurs aux risques.
La sélection de la rédaction