Un test aide à faire la différence entre maladie d’Alzheimer et démence frontotemporale

15/01/2016 Par Dre Marielle Ammouche

Des chercheurs français ont mis en évidence que, pour la faire la différence entre démence frontotemporale et maladie d’Alzheimer, l’évaluation de la mémoire ne suffit pas ; et que des tests évaluant la cognition sociale pourraient être discriminants et constituer ainsi un élément majeur du diagnostic. La démence frontotemporale (DFT) est une maladie dégénérative qui touche principalement le lobe frontal et le lobe temporal du cerveau, - qui sont associés à la personnalité et au comportement -, contrairement à la maladie d’Alzheimer qui affecte la quasi-totalité du cerveau. Elle représente 20% des démences dégénérativeset près d'un tiers des cas diagnostiqués chez les moins de 65 ans. En outre, la variante frontale de DFT peut s’accompagner de troubles de la mémoire, ce qui rend parfois son diagnostic difficile par rapport à la maladie d’Alzheimer. Des chercheurs français (Inserm/Cnrs/Université Pierre et Marie Curie, Institut du cerveau et de la moelle épinière, Paris), en collaboration avec une équipe internationale, ont donc tenté de trouver un moyen qui permettrait de faire plus facilement la différence entre ces deux pathologies. Et ils ont émis l’hypothèse que des tests évaluant la cognition sociale -capacités cognitives qui permettent à une personne de s'adapter à son environnement social-seraient utiles. Ces tests comportaient la reconnaissance des émotions sur des photographies de visage, ou encore l’analyse de scénettes de vie présentant des situations génantes. Pour leur étude, les chercheurs ont analysé retrospectivement les dossiers de 96 patients atteints d'une des deux maladies. Le test utilisé était le mini-SEA (social cognition and emotional assessment). "Nous avons observé que 85 à 94% des patients peuvent être classés dans le bon groupe – Alzheimer ou DFT - en se fiant aux seuls tests mini-SEA. Comparativement, le résultat n'est que de 70% avec les tests de mémoire seuls, ce qui se traduit dans la pratique par un diagnostic erroné de maladie d'Alzheimer chez un patient DFT sur deux" affirme Maxime Bertoux, auteur principal de l’étude. Une zone d'incertitude existait dans 11% des cas : "Les tests ne permettent pas alors d'orienter vers l'une ou l'autre de ces maladies. Mais il s'agit de malades à un stade avancé, pour lesquels l'altération cognitive devient plus générale." En situation de diagnostic précoce, ce problème ne se pose généralement pas. "Cette étude pourrait donc être utile pour réviser les critères diagnostiques des deux maladies, explique le chercheur, et ainsi apporter une prise en charge plus adaptée." En attendant, les auteurs de cette étude insistent pour que "médecins et neuropsychologues soient informés du fait que la distinction entre Alzheimer et DFT ne peut reposer uniquement sur les tests de mémoire : les tests de cognition sociale ont ici une utilité cruciale". Rapides et peu coûteux, ces derniers pourraient, à moyen terme, être l'un des examens diagnostiques de référence.

 
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