Quand les patients sont allergiques aux crustacés, ils ne le sont pas à l’iode, mais à l’un des multiples allergènes de la faune marine. Une session des Journées dermatologiques de Paris, qui se sont déroulées en virtuel du 1er au 5 décembre 2020, a fait le point sur ce sujet. "On ne doit pas se tromper d’ennemi, prévient le Pr Annick Barbaud, chef du service de dermatologie et allergologie (Hôpital Tenon à Paris). D’autant que l’iode est indispensable au bon fonctionnement thyroïdien." Il est d’ailleurs présent dans bon nombre d’aliments : lait de vache, beurre, fromage, viande porc ou de mouton, etc. Inutile donc de jeter le bébé, autrement dit l’iode, avec l’eau du bain de mer (un plateau de fruits de mer) au seul motif qu’un patient serait allergique à l’iode, pour avoir présenté une réaction cutanée (ou une intolérance digestive) après un repas “marin“, crustacés et/ou poisson. En effet, l’allergène principal identifié dans les crevettes et les crustacés en particulier est la tropomyosine, une protéine musculaire dont la structure est très proche d’un épitope retrouvé chez les acariens, les blattes, les escargots et l’anisakiase (un ver de poisson). A la clé, un risque élevé d’allergies croisées. Si d’autres allergènes peuvent être impliqués, dans une moindre mesure toutefois -arginine kinase, sarcoplasmic calcium BP, troponine C, etc., l’iode n’a jamais été mise en cause.
Quant aux poissons, l’allergène le plus souvent retrouvé est la parvalbumine qui, en raison de sa thermostabilité, persiste dans les produits frais, crus et fumets. Autre allergène abrité dans le poisson, l’anisakiase, qui déclenche 40 % des allergies au poisson… Dans les œufs de poisson et le caviar, l’allergène est la vitellogénine. Enfin, l’urticaire inductible à l’eau de mer, rare, est liée au degré de salinité de l’eau de mer uniquement. L’iode peut être dédouanée aussi dans le cas des allergies de contact aux antiseptiques contenant de la povidone iodée. Celle-ci est en réalité due aux excipients, dont le nonoxynol, ce dont attestent les explorations (prick-tests et IgE anti-povidone) conduites au décours de chocs anaphylactiques aux antiseptiques iodés en milieu opératoire. De même pour les produits de contraste iodés « Les allergies aux produits de contraste iodés, observées chez 1 à 3 % des sujets exposés aux produits iodés ioniques et 0,05 % des patients recevant des produits non ioniques, sont insuffisamment connues », regrette le Pr Barbaud. La plupart des réactions sont immédiates, à type d’urticaire, angiœdème, asthme, hypotension et arrêt cardiorespiratoire. Les réactions retardées, non exceptionnelles, se manifestent par un exanthème maculopapuleux, un érythème, une desquamation palmo-plantaire, un érythème pigmenté fixe ou un Dress (pour Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms). D’autres toxidermies, consécutives à l’ingestion de médicaments, ou encore à l’injection de produits de contraste iodés, ont été récemment identifiées, comme des toxidermies bénignes flexurales ou des PEAG (Pustulose Exanthématique Aiguë Généralisée). Le déterminant antigénique aux réactions retardées pourrait être une chaîne carbamoyle commune à plusieurs produits de contraste comme à des médicaments (antigrippaux et céfuroxime). Les réactions retardées seraient liées à l’hyperosmolarité des produits, qui provoquerait une dégranulation massive des mastocytes. Les tests généralement non nécessaires S’agissant des indications des tests, il est inutile de tester les patients allergiques aux poissons et crustacés, à la povidone iodée, les personnes atopiques (pour une hypothétique prévention) ou ayant présenté des manifestations “classiques“, non graves, telles que des sensations de chaleur, un flush, un prurit, des nausées, une rhinorrhée, un érythème localisé ou même un œdème cervical et parotidien (souvent spectaculaire, mais bénin), survenant dans les 48 heures après l’injection du produit de contraste iodé. « Seules les réactions urticariennes ou anaphylactiques doivent l’être [testées], soit par des patch-tests en cas de toxidermies graves ou de Dress, soit par des prick-tests ou intradermoréaction pour les hypersensibilités retardées », indique le Pr Barbaud. Sachant que la valeur prédictive négative (la probabilité de l’absence de problème en cas de négativité) de ces tests est imparfaite, un test de provocation en milieu spécialisé peut être alors conseillé.
La méthylisothiazolinone (MIT) est à l’origine de très nombreux cas d’eczéma de contact. Elle est présente dans les produits cosmétiques (dont les lingettes), mais aussi des peintures à l’eau, des produits d’entretien ou la colle. Elle est désormais interdite (depuis 2017) dans les cosmétiques non rincés, et sa concentration limitée depuis 2018 dans les produits rincés. La MIT peut ainsi toujours croiser avec d’autres isothiazolinones, non autorisées dans les cosmétiques, mais utilisées comme biocides, lors du tannage du cuir, pour l’octylisothiazolinone par exemple.
D’après la communication du Dr Emmanuelle Amsler, dermatologue à l’Hôpital Tenon (Paris)
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