Associée à l’expertise clinique, la maîtrise des techniques de dermatologie esthétique est un atout précieux pour le traitement de certaines affections dermatologiques. Tour d’horizon lors des Journées dermatologiques de Paris, qui se sont déroulées en virtuel du 1er au 5 décembre 2020. « Une consultation de médecine esthétique, d’un patient venu consulter pour ce motif, est l’occasion d’examiner sa peau plus attentivement et de faire un certain nombre de découvertes, de pathologies », indique le Dr Anny Cohen-Letessier (Paris). Ainsi, une tache peut se révéler être une kératose actinique ou un mélanome. Elle peut par ailleurs cacher une autre lésion. C’est pourquoi le recours à la biopsie doit être large, au moindre doute. Un mélanome de Dubreuilh, un lentigo malin, peut être intraépidermique ; une tache actinique (dyschromique, aux contours irréguliers), un lichen plan pigmentogène après un coup de soleil qui donne l’impression d’un “mauvais débronzage“ sont autant de lésions qui justifient une expertise clinique, puis un traitement spécifique. Comme un carcinome basocellulaire érythémateux superficiel (65 000 nouveaux cas par an en France) ou une kératose actinique, qui paraissent être des lentigos solaires, dont le traitement est alors une protection solaire, des dispositifs médicaux dédiés, la cryothérapie si les taches sont isolées en première intention ou, sinon, une photothérapie dynamique. Il s’agit encore de se méfier de rides du front qui peuvent cacher une élastose solaire ou un carcinome basocellulaire sclérodermiforme. Une perle nacrée ou ce qui pourrait sembler une écorchure mime parfois un basocellulaire nodulaire. Ne pas négliger des "rougeurs" Les rougeurs aussi peuvent dissimuler une kératose actinique. Une peau réactive, irritable, sensible à la pollution, hydrocarbures et poussières, caractérisée par un mal-être cutané, n’est pas une indication de laser, mais relève d’un traitement médical qui “éteint le feu“. Une érythrocouperose, maladie vasculaire inflammatoire qui fait le lit de la rosacée (qui justifie d’un traitement médical), doit, elle, être traitée par laser vasculaire. Une chute de cheveux quand elle est assortie d’une amputation de la queue des sourcils évoque une hypothyroïdie. Elle peut être également une alopécie fibrosante post-ménopausique, une forme de lichen folliculaire, et relève alors d’une corticothérapie locale et de minoxidil à 2 ou 5 %. Une pigmentation de type mélasma en demande de réparation esthétique peut être l’occasion de découvrir un nævus de Ota : l’aspect en taches confluentes et la couleur bleu gris est un appel à l’examen de la conjonctive de l’œil. Un nævus de Hori est, quant à lui, bilatéral, acquis, symétrique, sur l’arcade zygomatique. Le mélasma, apanage des phototypes foncés, survient sur un terrain rendu plus réceptif par la grossesse et certains médicaments (antidépresseurs, antiépileptiques, hormones féminines). Il est déclenché par la lumière du jour, UVA et B certes, mais encore lumière bleue et violette, et la photoprotection doit être à la hauteur de son spectre, large… La toxine botulique rend d’immenses services en dermatologie, et en particulier pour les pathologies des glandes sudorales, l’hyperhidrose axillaire, ou les maladies de peau aggravées par la sudation. « C’est ainsi le traitement de choix de la maladie de Hailey-Hailey, observe le Dr Claire Beylot (Bordeaux), qui permet une rémission complète des lésions des plis axillaires, partielle des plis inguinaux, ou d’un psoriasis des plis ». Elle peut améliorer aussi les patients jeunes souffrant d’une séborrhée sans acné. Par ailleurs, les résultats de la toxine sont très encourageants pour les formes nécrotiques digitales surtout du syndrome de Raynaud, avec une antalgie rapide et une cicatrisation des ulcères. La toxine est indiquée encore pour rétablir une symétrie perdue (en cas de paralysie faciale) ou sur des plaies traumatiques et des plaies opératoires récentes : en mettant au repos les muscles peauciers, idéalement dès J0 d’une intervention, elle favorise la cicatrisation. Elle réduit les douleurs liées à une contraction musculaire, les vulvodynies ou les douleurs post-zostériennes. Enfin, « la toxine gomme les expressions négatives du visage, donnant l’air heureux, ce qui transforme l’humeur », constate la spécialiste. Un effet antidépresseur documenté qui peut être optimisé par un médicament antidépresseur associé.
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