La dexaméthasone : premier traitement qui améliore la survie au cours du Covid
La dexaméthasone permet de réduire d’un tiers la mortalité chez les patients hospitalisés présentant des complications sévères de Covid-19. Telles sont les nouvelles données de l’essai randomisé britannique Recovery, qui a inclus plus de 11.500 patients provenant de 175 hôpitaux. Les malades ont été répartis en 6 bras de traitement : Lopinavir-Ritonavir, dexamethasone, azithromycine, tocilizumab, plasma de patients guéris, ainsi qu’un bras hydroxychloroquine, mais qui a été arrêté il y a une semaine en raison de l’absence d’efficacité prouvée. Au total, 2.104 patients ont reçu le corticoïde à faible dose (6 mg de dexaméthasone une fois par jour par voie orale ou par injection intraveineuse) pendant dix jours. Ils ont été comparés à 4.321 patients qui ont reçu les seuls soins habituels. Les résultats ont montré que la mortalité à 28 jours était réduite d'un tiers chez les patients ventilés sous dexaméthasone (RR 0,65 [IC à 95% 0,48 à 0,88]; p = 0,0003) et d'un cinquième chez les autres patients recevant uniquement de l'oxygène (0,80 [0,67 à 0,96]; p = 0,0021). En revanche, aucun avantage n’a été observé chez les patients qui n'avaient pas besoin d'assistance respiratoire (1,22 [0,86 à 1,75]; p = 0,14).
Sur la base de ces résultats, les auteurs ont calculé que le corticoïde permettrait d’éviter environ 1 décès sur 8 chez les patients ventilés et 1 sur 25 chez ceux nécessitant de l'oxygène seul. Globalement, pour l’ensemble des patients, la dexaméthasone a entrainé une réduction de la mortalité de 17% (0,83 [0,74 à 0,92]; p = 0,0007). «Mais il est important de reconnaître que nous n'avons trouvé aucune preuve de bénéfice pour les patients qui n'avaient pas besoin d'oxygène et que nous n'avons pas étudié de patients en dehors de l'hôpital», soulignent les auteurs de l’essais dans un communiqué. Pour le Pr Peter Horby (Université d'Oxford), l'un des investigateurs de l'essai : «la dexaméthasone est le premier médicament à améliorer la survie dans le Covid-19. C'est un résultat extrêmement bienvenu. Le bénéfice de survie est clair et...
important chez les patients qui nécessitent un traitement par oxygène, de sorte que la dexaméthasone devrait désormais devenir la norme de soins chez ces patients. La dexaméthasone est peu coûteuse, en vente libre et peut être utilisée immédiatement pour sauver des vies dans le monde entier.» Le Pr Martin Landray (Université d'Oxford), un autre des auteurs, ajoute : «ces résultats préliminaires de l'essai Recovery sont très clairs - la dexaméthasone réduit le risque de décès chez les patients souffrant de complications respiratoires sévères. Le Covid-19 est une maladie mondiale - il est fantastique que le premier traitement démontré pour réduire la mortalité soit un traitement instantanément disponible et abordable dans le monde entier.» L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué une «percée scientifique». Et les services britanniques de santé (NHS) ont annoncé vouloir utiliser la dexaméthasone dans le traitement de l’infection à coronavirus. «Nous travaillons avec le NHS pour inclure la dexaméthasone à son traitement standard contre le Covid-19 à partir de cet après-midi», a déclaré le ministre de la Santé, Matt Hancock, dans une vidéo postée sur son compte Twitter le 17 juin, précisant que le Royaume-Uni disposait de 200.000 traitements prêts à l'emploi stockés depuis mars.
Déjà largement utilisée en France La dexaméthasone est «déjà utilisée à grande échelle dans les hôpitaux français», a indiqué mercredi 17 juin l'infectiologue Karine Lacombe (hôpital Saint-Antoine, Paris) sur France Inter. «En France, on a très rapidement donné très tôt les corticoïdes chez des patients qui avaient la Covid-19 parce que ça diminue l'inflammation au niveau des poumons.» «On sait que c'est un traitement qui marche, on l'a utilisé à grande échelle», a-t-elle ajouté. «Ce qu'il faut retenir de l'étude en Angleterre, c'est qu'ils ont, sans traitement, 40% de mortalité» chez les patients hospitalisés en réanimation pour Covid-19. «Nous en France, dans les hôpitaux français, la mortalité était de 13% (...) sans traitement» autre que les soins standards, a affirmé Karine Lacombe, disant ne pas s'expliquer cette différence.
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