Chaque année, environ 50 000 plaintes pour violences physiques sur enfant sont déposées et 20 000 pour agressions sexuelles. Et chaque jour, 90 appels sont traités par le plateau d’écoute du 119, le numéro de l’enfance en danger, et 40 informations préoccupantes sont signalées, rappelle ainsi Adrien Taquet, qui signe l’éditorial de ce BEH. En outre, selon l’Observatoire national de la protection de l’enfance, 67 enfants sont décédés de mort violente au sein de la famille en 2017. Pourtant, « en France, il n’existe pas de données exhaustives et nationales qui permettent une surveillance épidémiologique », précise de secrétaire d’état. Dans ce contexte, une étude a pour la première fois permis de fournir une estimation de la prévalence de la maltraitance physique. Elle a concerné les enfants de moins d’un an hospitalisés en raison d’une telle maltraitance, et a été obtenue à partir des données du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), sur la période 2007-2014. Cette prévalence a ainsi été estimée entre 0,04% et 0,11%. Les auteurs ont par ailleurs mis en évidence un taux élevé de mortalité intra-hospitalière à un an chez ces enfants, estimée entre 2,56 et 3,13% %, soit un taux 10 fois plus élevé chez les enfants maltraités que chez les autres enfants hospitalisés. Les auteurs concluent que « toute lésion traumatique chez un enfant de moins d’un an devrait donner lieu à une suspicion de maltraitance jusqu’à preuve du contraire ». Une autre étude du BEH a par ailleurs permis d’établir que l’incidence des traumatismes crâniens infligés par secouement (TCIS) – ou syndromes du bébé secoué- est comprise entre 22,1 pour 100 000 naissances vivantes, et 52,4 pour 100 000, selon la définition utilisée. Les conséquences de la maltraitance infantile sont...
majeures, rappellent les auteurs d’une autre étude parue dans ce BEH. Elles sont tout d’abord socio-affectives et comportementales, marquées chez le petit enfant par un comportement de retrait, d’évitement, des symptômes dépressifs et d’anxiété, parfois une colère et une agressivité. Des troubles alimentaires peuvent être présents. Ces enfants sont à risque de stress post-traumatiques. A plus long terme, la maltraitance infantile est également associée à la survenue de violences dans les relations intimes, l’abus de substances, divers problèmes de santé mentale (anxiété, dépression, trouble alimentaire), des idées suicidaires et le décrochage scolaire. De plus en plus d’études rapportent aussi des effets négatifs sur la santé physique. C’est le cas en particulier en cas de syndrome du « bébé secoué », avec l’apparition de retards, déficits psychomoteurs, problèmes visuels et auditifs, épilepsie et paralysie. Certaines données montrent par ailleurs une relation avec les maladies chroniques (asthme, maladie cardiorespiratoires, diabète). Les conséquences sur le plan neurologique et cognitif, recouvrent des problèmes d’attention, la dégradation des fonctions exécutives et des habiletés cognitives plus faibles, avec ralentissement du développement du langage. Plus la maltraitance est sévère et précoce, et plus nombreuses et irréversibles seront les conséquences, ajoutent les auteurs de l’étude.
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