Dans l’asthme, la rémission ne dispose à ce jour pas de définition unifiée, les critères variant selon les experts et selon les sociétés savantes. En 2023, cinq recommandations nationales (Etats-Unis, Allemagne, Espagne, Italie, Japon) ont ainsi intégré la rémission dans leurs objectifs de prise en charge de l’asthme. Mais à ce jour, cette notion demeure absente des recommandations françaises (1). Si ces sociétés s’accordent pour inclure l’absence d’exacerbations, l’arrêt des corticoïdes oraux et l’amélioration du contrôle de l’asthme (score ACT) parmi leurs critères, des nuances émergent sur d’autres éléments, tels que le niveau d’amélioration de la fonction pulmonaire. Aux Etats-Unis, les recommandations incluent aussi le faible recours aux corticoïdes inhalés, ainsi qu’un non-absentéisme scolaire ou professionnel. Dans les faits, quelle est la fréquence des rémissions ? Elles ne sont pas si rares que cela, et peuvent même être fréquemment atteintes de manière spontanée, sans traitement. Lors d’une étude américaine menée sur 200 adultes asthmatiques nouvellement diagnostiqués, 16% d’entre eux étaient en rémission à cinq ans, sans symptôme et sans traitement depuis au moins un an (2). Toutefois, les chances de rémission sans traitement sont quasi-nulles dans l’asthme sévère, par exemple en présence d’une hyperréactivité bronchique modérée à sévère et/ou d’une polypose nasosinusienne. Asthme sévère : de 15% à 35% de rémissions sous traitement Or chez les patients atteints d’asthme sévère, l’arrivée des biothérapies, dont cinq sont à ce jour disponibles en France, a relancé la possibilité d’une rémission, sans recours à la corticothérapie orale. Lors d’essais cliniques et d’études en vie réelle, entre 15% et 35% des asthmatiques sévères parviennent à la rémission sous biothérapie. Toutefois, les données manquent pour déterminer si ces rémissions sous biothérapie se maintiennent à long terme. De plus, il semble à ce jour peu probable qu’un état de rémission obtenu par biothérapie puisse perdurer après l’arrêt de ce traitement. « Je ne suis pas sûre qu’on puisse atteindre une rémission totale sans traitement, aujourd’hui, dans l’asthme sévère », estime la Dre Clairelyne Dupin, du service de pneumologie A de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard (Paris). Toutefois, le sujet ouvre de nouvelles pistes de recherche, par exemple afin d’identifier précocement les patients les plus à même d’entrer en rémission. Ou pour mieux définir la stratégie thérapeutique à suivre, une fois la rémission atteinte.
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