En l’absence de chiffres fournis par l’Education nationale, et d’une définition consensuelle de ce trouble, on estime que 1 et 5% des élèves seraient atteints de refus scolaire anxieux en France. La pandémie de Covid-19 semble en avoir favorisé la survenue, mais après un temps de latence. Pendant le confinement, une majorité des élèves n’a pas déclaré de difficulté particulière, mais les chiffres de refus scolaire anxieux semblent avoir augmenté en 2021 et 2022. Parmi les jeunes ayant eu un diagnostic, 38% faisaient le lien avec le confinement, et 11,4% semblaient affectés par un effet « cabane », ayant conduit à leur déshabituation aux exigences et pressions scolaire et sociale. « Le sentiment d’augmentation des refus scolaires anxieux est objectivé par l’augmentation des demandes de dispositifs alternatifs à la scolarité pour les élèves totalement ou partiellement déscolarisés depuis 2019-20» a commenté la Dre Myriam Jarlan Trojelli (Médecin Conseiller Technique, Education Nationale) : demandes d’Apadhe (assistance pédagogique à domicile, à l’hopital, à l’école) et d’instruction en famille. Mais la pandémie n’est pas seule responsable :« on peut considérer le refus scolaire anxieux comme une complication d’un trouble anxieux. Or, les troubles anxieux sont les plus fréquents chez les moins de 18 ans, 5 à 10 % d’entre eux remplissant les critères d’au moins un trouble anxieux sur une période de 12 mois » a rappelé la Dre Hélène Denis (CHU Montpellier). Parcoursup, les réformes successives du bac, le contrôle continu, le contexte d’actualité repris et amplifié par les réseaux sociaux, sont d’autres éléments qui, avec la crise sanitaire, permettent aux vulnérabilités préexistantes de se révéler. Dans les enquêtes dédiées, enfants et parents déclarent un facteur déclenchant dans 4 cas sur 5, mais il existe une grande disparité dans la nature de cet évènement (harcèlement, pression, évènement familial...). Les quelques données françaises concernant les adolescents en situation de refus scolaire anxieux montrent qu’il s’agit surtout de filles, généralement de bons élèves de milieu plutôt favorisé avec des parents stressés par la scolarité et demandeurs de solutions. La prise en charge nécessite une étroite concertation entre famille et enfant, avec le médecin référent et l’école, afin d’explorer le rythme et l’hygiène de vie, les activités extrascolaires, l’environnement … et identifier les facteurs stressants à l’école (entourage, certains moments de la journée, contrôles surprises…). L’objectif étant d’éviter au maximum la déscolarisation. Des ajustements peuvent être proposés et consignés dans le projet d'accueil individualisé (PAI) mais peuvent requérir un Apadhe ou encore une instruction en famille, le recours à l’enseignement total à distance (par le CNED) devant être limité aux cas les plus sévères, par risque de désociabilisation. La thérapie cognitive et comportementale (TCC) est aujourd’hui l’approche la plus intéressante pour favoriser la rescolarisation rapide et durable, mais les études manquent encore. Un projet hospitalier de recherche clinique régional (PHRC) est aujourd’hui mené dans le sud de la France afin de mieux en connaître l’efficacité. Cette prise en charge sera adaptée aux motifs de refus scolaire : anxiété de séparation, anxiété vis-à-vis de l’école (émotions négatives apaisées durant les vacances), situation sociale aversive ou situation d’évaluation mal vécu, ou recherche de renforçateurs extérieurs à l’école, avec posture oppositionnelle, ne relèvent pas d’une même approche.
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