Ils viennent pour consulter mais ont déjà la réponse. D’après une étude de la start-up indépendante 360 Medics dévoilée par Le Parisien jeudi 17 octobre, de plus en plus souvent, les patients souffrants s’autodiagnostiquent sur Internet avant un rendez-vous. Sur les 300 soignants interrogés dans le cadre de cette étude, 83 % déclarent recevoir souvent des patients qui se sont autodiagnostiqués juste avant leur consultation.
Résultat… presque 9 patients sur 10 (85%) se trompent dans leurs conclusions. “Ils confondent le symptôme et le diagnostic”, raconte le Dr Battistoni, président du syndicat MG France dans les colonnes du quotidien. ‘Ils nous disent : j'ai une bronchite quand ils toussent, une sinusite pour un rhume, une gastro quand ils ont mal au ventre”.
Le fondateur de 360 Medics et oncologue radiothérapeute à Saint-Etienne (Loire), Grégoire Pigné, explique cette évolution par l’essor d’Internet. Sites, forums, vidéos… Les sources d’informations sont nombreuses. “L'information scientifique s'est démocratisée. La maladie reste une grande source d'angoisse, il est donc naturel, au moindre symptôme, d'aller chercher une explication sur des sites grand public ou des forums. Mais la question, c'est quelle est la qualité des réponses que l'on y trouve ? L'information est souvent générale, anxiogène, parfois erronée”, détaille-t-il.
Bruno Fautrel, cité par Le Parisien, ajoute à cela une autre cause à l’ère des grandes crises sanitaires, les associations de patients sont devenues plus puissantes et plus méfiantes face au monde médical. Le patient est ainsi devenu plus exigeant. “Il veut un diagnostic si possible pas grave, un traitement qui marche et qu'on en parle plus dans quelques semaines.”
Evolution du rapport patient-médecin
Le rapport du patient au médecin a ainsi évolué et le travail des soignants est devenu plus complexe au fil des années.“Il faut expliquer aux patients que leur diagnostic est inexact, ce qui n'est pas idéal pour tisser, d'emblée, une relation de confiance. Parfois, ils sont déçus de ressortir sans le médicament qu'ils voulaient”, explique Grégoire Pigné.
Il insiste enfin sur l’expertise indispensable des professionnels de santé. Le Parisien cite d’ailleurs l’exemple le cas de Margot Bayart, vice-présidente de MG France qui découvre chez une patiente une maladie grave du rein, alors que la patiente en question était persuadée d’avoir la grippe.
Grégoire Pigné tient enfin à relativiser ces chiffres dans une certaine mesure. “Si un malade nous dit, je crains d'avoir cette pathologie, qu'il s'est renseigné, cela enrichit la discussion. Il y a même des patients experts, touchés par des maladies chroniques, qui ont un niveau de connaissances extrêmement élevé. Ils discutent d'égal à égal du traitement avec le soignant. La prise en charge est meilleure. C'est un cercle vertueux”, confie-t-il au Parisien.
[Avec Le Parisien]
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