"Les médecins n’ont pas vocation à être corvéables à vie" : la réponse de l'UFML aux propos du Pr Vallancien
Dans une tribune publiée dans Les Echos le 5 septembre, l’Académicien a sévèrement critiqué la médecine libérale qui, selon lui, "refuse de réviser ses modalités d’exercice d’un autre âge". Il a notamment appelé les pouvoirs publics à faire "disparaître" la liberté d’installation. Une proposition inacceptable pour l’UFML, qui a signalé ses propos à l’Ordre.
"Il est plus que temps d'avoir le courage de lancer de vraies réformes." Ces propos, ce sont ceux du Pr Guy Vallancien, médecin urologue et membre de l’Académie de médecine, qui signe une tribune au vitriol dans le journal Les Echos. Publié le 5 septembre dernier, le texte, qui soumet une analyse critique de l’organisation du système de santé en France, blâme "l’immobilisme" des responsables politiques : "tétanisés", ces derniers n’ont fait que jouer "de simples mesurettes par peur de l’embrasement corporatiste".
Le médecin, poursuivi devant l'Ordre dans l'affaire du "charnier" de Paris-Descartes, ne mâche pas ses mots. "Axé quasi uniquement sur le seul soin, notre système boiteux coûte inutilement cher pour des résultats médiocres", juge-t-il. "A longueur de journée, les syndicats hospitaliers scandent ‘plus de lits, plus de personnel, plus d'argent’ sans jamais remettre en cause le trop-plein d'établissements à l'activité médiocre. La médecine libérale, de son côté, au cri de ‘touche pas à ma liberté d'installation et de prescription !’, refuse de réviser ses modalités d'exercice d'un autre âge", tacle-t-il.
Une proposition choquante
L’Académicien presse les responsables politiques de "réaliser que la médecine libérale, telle que la défendent certains syndicats, agonise". "La jeune génération de médecins préfère majoritairement le salariat ou la rémunération au forfait horaire et à la capitation plutôt qu'à l'acte, mode de rémunération qui s'explique notamment par l'augmentation de la fréquence de consultations plus longues auprès des patients plus âgés", écrit-il. Et de plaider : "La liberté d'installation doit disparaître comme c'est déjà le cas pour les pharmaciens et les infirmiers, permettant un maillage territorial adapté à l'importance de la population."
Une proposition choquante pour l’UFML. Dans cette tribune, le Pr Vallancien "pourfend le code de déontologie médicale par une série d’affirmations, simples arguments d’autorité", estime le syndicat dans un communiqué, diffusé mardi 10 septembre. L’organisation tient d’abord à rappeler qu’une "très forte majorité de médecins, qui s’est exprimée sur le sujet ou en a fait l’expérience, privilégie encore et toujours la rémunération à l’acte", citant un sondage d’Egora qui montre que 94% des médecins* sont opposés au remplacement du paiement à l’acte par un forfait patient.
S’agissant de la liberté d’installation des médecins, l’UFML rapporte que "les politiques reconnaissent que ‘87% du territoire est un désert médical’ et la Drees […] affirme qu’il existe ‘une corrélation forte entre sous densité médicale, faible attractivité et manque d’équipements’, en particulier en termes de commerces, d'établissements scolaires ou d’équipements sportifs et culturels". "Or, les médecins ne peuvent être, avec les maires, les derniers hussards de la République au sein de pans entiers de nos territoires délaissés, voire oubliés par les pouvoirs publics", défend le syndicat du Dr Marty.
La coercition aurait un "effet modeste, voire contre-productif"
"Nous rappelons au besoin, que notre profession se féminise, avec une installation libérale entre 30 et 40 ans et ainsi nous emmenons dans nos bagages conjoint ou conjointe et enfants, qui aspirent eux aussi à vivre dans un cadre épanouissant et non être sacrifiés sur l’autel de la servitude", poursuit l’UFML, pour qui "les médecins n’ont pas vocation à être corvéables à vie". "Lors de leur internat, ils rendent très largement à la Nation le fruit de la solidarité nationale, dépassant allègrement le cadre du code du travail et son taux horaire, avec des responsabilités et un épuisement professionnel générateur de souffrances telles qu’un interne se suicide tous les 18 jours", souligne le syndicat.
S’appuyant sur une étude de l’Insee, l’UFML assure par ailleurs que la régulation à l’installation "aurait certainement un effet très modeste, voire contre-productif".
Le syndicat dénonce ainsi les propos du Pr Vallancien, "né en 1946, qui a pu connaitre des remplacements durant ses jeunes années d’internat des années 1970, doit avoir un vague souvenir de l’exercice libéral". "L’UFML-S défend sans relâche l’exercice de la médecine libérale et ses principes cardinaux qui ne peuvent être remis aussi ostensiblement en cause, au détriment de la déontologie médicale", souligne l’organisation, qui annonce avoir signalé les propos du Pr Vallancien à l’Ordre.
"Nous nous réservons le droit de porter plainte si ses allégations dommageables à l’encontre de la médecine libérale devaient s’intensifier", prévient le syndicat.
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