Alors que le Service d’accès aux soins, qui doit être généralisé en 2022, peine à décoller, des libéraux s’organisent sur le terrain pour prendre en charge les demandes de soins des patients sans médecin traitant ou dont le praticien n’est pas disponible. Dans le Loiret, la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Beauce-Gâtinais a créé il y a un an un dispositif inédit pour faciliter l’accès aux soins à ces personnes, via un numéro gratuit dédié (0 801 90 45 00). 14 médecins libéraux volontaires se sont engagés dans ce cadre à prendre en charge des patients qu’ils ne suivent pas : ils réalisent à tour de rôle deux heures d’astreinte par jour pour ce type de consultation, "soit un engagement toutes les deux semaines qu’ils organisent librement", explique le département dans un communiqué de presse. "Ce temps pourra bientôt être doublé grâce à l’arrivée de nouveaux médecins dans le dispositif."
Depuis la mise en place du numéro, 5800 appels ont été passés et 2000 consultations ont pu être proposées à des patients qui nécessitaient d’être vus par un médecin rapidement, mais qui n’étaient pas en urgence vitale. Un moyen de lutter contre la désertification médicale qui touche le territoire, où 24.000 habitants n’ont pas de MT, et d’éviter l’engorgement des urgences, déjà surchargées par les patients Covid et autres épidémies hivernales. Selon l’Assurance maladie, les effectifs de généralistes libéraux chutent considérablement, passant de 55.000 en 2005 à 52.500 à ce jour (hors MEP). Et la situation ne devrait pas s’améliorer de sitôt car "ce n’est qu’en 2030 qu’on aura retrouvé le niveau de médecins que l’on a aujourd’hui", expliquait Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Cnam, lors d’un colloque organisé le 3 décembre par MG France. Une situation alarmante puisque 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant, dont plus de 600.000 patients en ALD. En Beauce-Gâtinais, le ratio est de 30 généralistes pour 100.000 habitants, contre 123 (en activité régulière) pour 100.000 habitants en moyenne au niveau national selon le bilan au 1er janvier 2021 de la Cnam. Dans ce territoire du nord du Loiret, la moyenne d’âge des médecins est par ailleurs élevé (61 ans). Le département du Loiret a accordé une aide de 10.000 euros en 2021 pour pérenniser le projet, qui devrait être élargi.
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