Permanence des soins : le Dr Pelloux appelle à la rendre obligatoire "pour tous les médecins et personnels hospitaliers comme libéraux"
C’est dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche, ce dimanche 3 septembre, que le président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), le Dr Patrick Pelloux, revient sur la politique de santé actuelle. L'urgentiste au Samu de Paris évoque notamment la crise des urgences, qui "n’est qu’un stigmate de la crise que traverse notre système de santé".
Au début de la pandémie de Covid-19, "tout le pays a été mis à l’arrêt pour ne pas saturer les hôpitaux", se souvient l’urgentiste. Mais selon lui, c’est lorsque les politiques ont levé le confinement qu’il fallait "tout repenser pour une meilleure offre de soin". "Mais l’Etat a cru que tout était résolu avec le Ségur de la santé et ses accords signés par quelques syndicats", déplore le Dr Patrick Pelloux.
Depuis, "tout n’a fait que s’aggraver", reconnaît-il. L’urgentiste pointe même un aspect qu’il juge "paradoxal", lorsque François Braun, ancien ministre de la Santé et également urgentiste, a validé lui-même "la fermeture des urgences avec cette hypothèse utopique de réguler toute l’activité de soins non programmés". Alors qu’il aurait fallu au contraire mener "une politique d’ouverture des lits hospitaliers" et "simplifier les hospitalisations sous contrainte".
Si le Dr Patrick Pelloux évoque le problème du manque de lits dans les hôpitaux, il n’oublie pas non plus le monde libéral. "Cette organisation de l’après-Covid a été menée dans l’inégalité la plus complète entre les régions, clame-t-il, sans se soucier des moyens en personnels dans les centres de régulation des Samu, devenus SAS, ni promouvoir l'accès aux soins entre le monde hospitalier et le monde libéral."
Pour l’urgentiste, "le système semble avoir oublié les malades !". Il évoque notamment "les plus pauvres, les 13 millions de personnes qui n’ont pas accès au numérique, les centaines de milliers de malades sans médecin traitant". "Pour la deuxième année consécutive, cet été fut un cauchemar pour les malades et les soignants", assure-t-il. Il se dit "effaré" du "nombre de malades errant dans les grandes villes sans soin ni traitement" qui, sans prise en charge adéquate, "arrivent aux urgences".
Même s’il souligne la mesure de "valorisation du temps de travail" pour les personnels et médecins travaillant de nuit ou le week-end, il estime que "ce n’est pas suffisant au vu du retard accumulé". L’urgentiste encourage fortement à "remettre l’obligation pour tous les médecins et personnels hospitaliers comme libéraux de participer à la permanence des soins", et à "valoriser les actes des médecins et soignants qui sont au pied du lit du malade".
Le Dr Patrick Pelloux dénonce aussi le manque d’attractivité de la profession. "15% des étudiants en médecine et jusqu'à 30% des infirmiers et infirmières abandonnent avant la fin de leur cursus", remarque-t-il. Il dénonce également "l’échec complet de la sélection en première année de médecine". Et propose "d’élire les doyens des facultés de médecine par l’ensemble des médecins" pour une meilleure “transparence". Il suggère également de donner aux maires "un pouvoir décisionnaire au sein des conseils de surveillance des établissements de santé".
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