Quand des schizophrènes se retrouvent face aux "voix" dans leur tête

29/12/2017 Par Aveline Marques
Patients

Pour aider les patients schizophrènes à combattre les "voix" insultantes ou menaçantes qui les tourmentent, des chercheurs anglais ont mis au point des avatars numériques censés les personnifier.

"Tu ne vaux rien !", lance un visage d'homme virtuel qui s'affiche sur l'écran. "Tu peux t'en aller s'il te plaît ?", répond timidement la femme assise devant l'ordinateur. Puis la voix de la patiente se raffermit : "Je ne vais plus t'écouter !" Cet échange fait partie d'un traitement innovant mis au point par des chercheurs du King's College de Londres, et dont les premiers résultats sont présentés vendredi dans la revue The Lancet Psychiatry. Soixante-quinze patients ont suivi cette thérapie pendant un essai de trois mois, tout en continuant leur traitement médicamenteux. Sept de ces patients "ont complètement arrêté d'entendre des voix". En comparaison, ils étaient seulement deux dans le groupe-témoin de 75 personnes, qui ont reçu des conseils médicaux à la place de la thérapie basée sur les avatars. Environ deux-tiers des schizophrènes entendent des voix imaginaires qui, souvent, les insultent ou les menacent, selon l'auteur principal de l'étude, Tom Craig. Le plus souvent, les médicaments réduisent les symptômes mais un quart des patients continue d'entendre ces voix. C'était le cas des 150 personnes qui y ont pris part et vivent avec trois ou quatre "voix" en moyenne. Les avatars permettent de matérialiser ces voix menaçantes afin que les patients les affrontent puis les dominent, font valoir les auteurs de l'étude. Grâce aux indications des patients, la tonalité de la voix qui les tourmente et le visage qu'ils y associent sont recréés par ordinateurs. Ils suivent ensuite six sessions de 50 minutes lors desquelles ils sont confrontés à cet avatar par ordinateur interposé. Dans une autre pièce, le thérapeute les guide via un micro. C'est aussi lui qui endosse la voix de l'avatar et le fait s'adresser au patient. Le but est qu'au fil de la thérapie, le patient prenne confiance, devienne de plus en plus affirmatif et que l'avatar cède du terrain. "On passe de quelque chose de très effrayant à quelque chose qui est sous le contrôle de la personne", affirme Tom Craig. Des travaux prometteurs, jugent des experts indépendants, qui estiment que d'autres essais sont nécessaires afin d'en confirmer l'efficacité et de définir le type de patients auxquels ils conviennent le mieux. [avec AFP]

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