A l'avant-veille du débat sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2018, la ministre de la Santé a détaillé, dans le Journal du dimanche (JDD), les axes de son plan pour "sauver la sécurité sociale
Lire l'interview exclusive d'Agnès Buzyn La ministre de la Santé veut frapper les esprits. C'est ce qu'elle vient de faire en déclarant, dans le JDD, que"30 % des dépenses de santé ne sont pas pertinentes", ce qui laisse une bonne marge de manœuvre pour faire des économies sans "toucher à l'égalité des chances". Elle précise également que si le PLFSS veut lever 3 milliards d'économies sur la branche maladie, il alloue aussi 1,7 milliard de plus à l'hôpital car il faut tenir compte de l'accroissement spontanné des dépenses de santé liées au vieillissement de la population, aux maladies chroniques et à l'innovation. Ces dépenses expliquent le déficit constant de la sécurité sociale, qu'il faut réguler, avec des réformes structurelles. "Jusqu'à présent, nous n'avons pas fait assez de réformes structurelles pour le limiter. Le vote du premier budget de la Sécurité sociale du quinquennat nous permet de lancer une révolution en douceur", assure Agnès Buzyn. La T2A "pousse aux actes inutiles" A l'hôpital, par exemple, priorité sera donnée à l'ambulatoire avec, en chirurgie, un objectif fixé de 70 % d'interventions effectuées sous ce mode, en 2022 (contre 50 % aujourd'hui). La ministre annonce également son intention de "fermer les lits qui ne servent à rien ou les réorienter vers de nouveaux besoins. Nous voulons lutter contre les opérations inutiles ou les actes réalisés deux fois". Agnès Buzyn exhorte à la mutualisation des achats, notamment de médicaments à l'hôpital, ce qui pourrait permettre de réaliser un milliard d'économies. "L'hôpital doit se recentrer sur l'excellence et la haute technicité", décide-t-elle. En matière de financement, la ministre veut sortir du paiement à l'activité (T2A), "car le système pousse aux actes inutiles, mais il faut y aller de manière progressive, sans créer de déséquilibre". En prenant pour exemple la "chirurgie du rétrécissement de l'estomac chez les obèses", bien plus fréquente dans certains départements que dans d'autres (…) parfois une intervention de routine (…) alors qu'il existe des alternatives moins couteuses et moins lourdes pour le patient". Agnès Buzyn annonce la création de " modes de tarification centrés sur la pertinence de soins" où les établissements pourront percevoir un bonus s'ils répondent aux objectifs de pertinence et d'efficience des soins. La ministre veut également inclure des "indicateurs de résultats cliniques" dans ces nouveaux modes de rémunération. En outre, ajoute-t-elle, le forfait hospitalier augmentera de 2 euros alors, alors qu'il était bloqué au même niveau depuis 2010. Débusquer les fraudeurs Interrogée sur la promesse du président de la République, d'un remboursement à 100 % des lunettes et des prothèses auditives et dentaires, la ministre de la Santé confirme. "Je souhaite y arriver bien avant la fin du quinquennat (….) Les négociations commencent avec les complémentaires. Mon but est d'aboutir d'ici un an. Toute la chaine des acteurs devra y contribuer". Mais dans le gant de velours, s'est glissée une main de fer. Aucun laxisme vis-à-vis de la fraude et de ceux "qui abusent d'un système généreux et de la solidarité collective". La ministre annonce la mise en place de nouveaux outils, permettant de débusquer les fraudeurs, sans attenter aux droits des vrais malades. "Les indemnités journalières de courte et de longue durée ne cessent d'augmenter, de l'ordre de 5 % l'année dernière. Jusqu'à quand l'assurance maladie palliera-t-elle les défaillances du management au travail ?", s'est-elle interrogée, en rappelant que d'ores et déjà, la sécurité sociale multiplie les contrôles en croisant les fichiers informatiques et en dégageant des moyens pour rechercher des fraudeurs. "En 2016, la fraude détectée par les organismes de sécurité sociale (sur les cotisations et les prestations) s'est élevée à 1,2 milliard d'euros et le chiffre ne cesse de croître", a-t-elle rappelé. Hausse du prix du tabac En revanche, Agnès Buzyn ne cautionne pas le projet de "taxe soda" modulée en fonction du taux de sucre des boissons, objet d'un amendement déposé par les députés, qui aboutirait à augmenter de 7 centimes, les canettes de soda. "Je ne souhaitais pas ajouter une taxe comportementale pesant sur les ménages", a-t-elle répondu. C'est une proposition des députés, rappelle-t-elle. L'objectif de la taxe telle qu'elle est conçue, précise-t-elle, "ne serait pas de rapporter plus d'argent mais d'inciter les industriels à réduire le taux de sucre. Aujourd'hui, dans les magasins, l'eau en bouteille et le soda sont presque taxés de la même manière, ça n'a pas de sens". En revanche, la ministre défend l'augmentation du prix du tabac, qui va atteindre 10 euros en 2020. La France a un comportement anormal vis-à-vis du tabac. Le seul levier efficace, c’est une hausse de prix constante sur plusieurs années qui oblige les fumeurs à se préparer à arrêter. Nous savons qu’une hausse du prix de 10 % entraîne une baisse de 4 % de la consommation" plaide-t-elle. [Avec le Journal du dimanche et lejdd.fr] Mis à jour le 27 octobre 2017
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