À compter du 1er octobre prochain, la prise en charge des soins dentaires par l’Assurance maladie passera de 70% à 60%. À charge donc pour les mutuelles, assureurs et institutions de prévoyance de compenser ce déremboursement, évalué à 500 millions d’euros en année pleine. Un arbitrage validé par le Gouvernement, le ministère de la Santé ayant confirmé dans un communiqué la prochaine "prise en charge plus large des soins bucco-dentaires par les complémentaires", à hauteur d’un demi milliard d’euros.
La décision ne convient ni sur le fond, ni sur la forme, à ces dernières, qui en ont eu connaissance le 15 juin. "Ce n’est pas à la hauteur des enjeux", a ainsi déclaré Eric Chenut, le président de la Mutualité française, à l’AFP, critiquant une mesure "unilatérale" et "technocratique", qui "ne va pas permettre d’accompagner la transformation du système de santé, ni de répondre au virage préventif". Ce choix est d’autant plus "incompréhensible" que le Gouvernement a instauré en début d’année un "comité de dialogue" pour préparer un transfert initialement chiffré à 300 millions, rappelle-t-il. Marie-Laure Dreyfuss, déléguée générale du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP), a elle aussi déploré une "mesure comptable" et "sans aucune valeur ajoutée sur le niveau de soins et de remboursement global des assurés". Les complémentaires préviennent qu’elles répercuteront ce transfert sur leurs tarifs l’an prochain. "Cette décision aura mécaniquement des conséquences sur les cotisations", a fait savoir Marie-Laure Dreyfuss.
Du côté des chirurgiens-dentistes, la mesure ne passe pas non plus. "Cette mesure va-t-elle améliorer la santé bucco-dentaire des Français? Non. Cette mesure va-t-elle favoriser la prévention bucco-dentaire? Non. Cette mesure contribue-t-elle à améliorer le pouvoir d'achat dont le Gouvernement s'est fait une priorité? Non", s'insurge l'Union dentaire, qui a appris la nouvelle "avec effarement". Le syndicat demande à ce que les 500 millions d'euros dégagés soient "intégralement" réinvestis dans les soins primaires et la prévention. Pour les Chirurgiens-dentistes de France, c'est "un désengagement majeur de l'Etat" et un "très mauvais signal envoyé aux chirurgiens-dentistes à un mois de la fin des négociations conventionnelles".
Vendredi, dans l'après-midi, le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, a tenté d'éteindre l'incendie en assurant que l'Assurance maladie "ne se désengageait pas des soins dentaires". Au contraire, elle est prête à "investir davantage" dans les soins de prévention, avec des examens de prévention remboursés "plus fréquents", notamment pour les enfants et les jeunes. Elle veut ainsi proposer le remboursement d'actes de prévention qui ne sont pas remboursés aujourd'hui, a-t-il dit. "ça n'est pas mince, on parle potentiellement de centaines de millions d'euros", a indiqué Thomas Fatôme.
[Avec AFP]
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