Liberté d'installation des médecins : Buzyn accusée de défendre des "intérêts corporatistes"
Après des heures de débats houleux mercredi et jeudi, plusieurs amendements restreignant la liberté d'installation ont finalement été rejetés. Pour l'avoir défendue, Agnès Buzyn a été taxée de corporatiste.
A l'Assemblée nationale, les jours se suivent et se ressemblent. Après avoir débattu jusque tard dans la nuit de mercredi à jeudi sur la liberté d'installation des médecins, les débats ont repris dans la journée autour de plusieurs amendements coercitifs.
"Toutes les expérimentations en ce sens, que ce soit en Allemagne, aux États-Unis, au Canada ou en Autriche, montrent que les mesures coercitives ne fonctionnent pas, quel que soit leur format. Elles aboutissent à l’installation des médecins en zone limitrophe des zones sous-denses ou à des déconventionnements", a souligné Agnès Buzyn.
Seuls 15 % des jeunes médecins "souhaitent entrer dans un exercice libéral"
La ministre de la Santé a par ailleurs rappelé que seuls 15 % des jeunes médecins "souhaitent entrer dans un exercice libéral" : "si un conventionnement sélectif leur est imposé, soyez assurés que ces 15 % encore sensibles à l’exercice libéral à la fin de leurs études choisiront immédiatement un poste de médecin salarié. Car des milliers de postes salariés sont vacants sur le territoire français. Nous passerons donc de très peu de médecins souhaitant l’exercice libéral à plus aucun qui l’envisage". Par ailleurs, un conventionnement sélectif tel que proposé notamment par le député socialiste Guillaume Garot ne peut fonctionner qu'"avec des professions à dynamique forte", a relevé Agnès Buzyn. "Quel élu sur ces bancs peut aujourd’hui s’imaginer que sa circonscription est une zone à forte densité médicale, bénéficiant d’un fort excédent de médecins ?, a interpellé la ministre. Sincèrement, si vous pensez repeupler la France avec des médecins de Saint-Tropez, vous allez à l’échec !"
"Arrêtons de pleurer sur le sort des médecins"
Une défense jugée corporatisme par certains députés de l'opposition. "Vous dites vouloir transformer le système de santé ; mais, à bien vous écouter, plus ça change, plus c’est la même chose. Ce que j’entends ici, c’est une défense d’intérêts corporatistes. Mais vous n’êtes pas entre confrères !", a lancé Guillaume Garot. "Arrêtons de pleurer sur le sort des médecins – même si on peut pleurer sur le sort de ceux qui sont en burn-out, et j’en connais chez moi dans les Ardennes, a interpellé la députée Bérengère Poletti (LR). Mais j’ai plutôt envie de pleurer sur le sort des patients qui ne trouvent pas de médecin." "Il est acté que la majorité a des pudeurs de gazelle lorsqu’il s’agit de mettre en place une territorialisation sélective", a taclé de son côté le communiste Sébastien Jumel. Les amendements ont tous été rejetés par une large majorité. Mais nul doute que le débat ressurgira avant le vote final de la loi, prévu avant l'été. *Mis à jour le 22/03 à 15h50
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