Ne demandez pas à Claude Grellet s’il profite de sa retraite… La réponse est : oui ! Âgé de 71 ans, cet ancien chef du service cardiologie et de médecine interne du centre hospitalier de Toulon est à la retraite depuis 2009… Et l’a pourtant abandonnée quelques années plus tard, pour reprendre du service.
“Je suis parti à la retraite à 62 ans et demi”, se souvient-il. “Je voulais voyager autour du monde en bateau. Je suis parti, mais j’ai fait naufrage après quelques mois ! Alors, “terminé” le voyage !”. A son retour, il revoit l’un de ses amis dans le Gard. “Il râlait parce qu’il n’avait plus de remplaçant et ne pouvait plus partir en vacances. Je me suis senti désœuvré… et je me suis dit : ‘je ne peux pas laisser mon copain dans la merde !’. Alors je lui ai proposé mon aide.” Gard, Vaucluse, Ardèche… Les remplacements s’enchaînent rapidement partout en France via le bouche-à-oreille, là où les médecins peinent à trouver un relai. Au total, Claude Grellet exerce pour cinq médecins différents par an. “Mais ça fait deux ans que j’ai dit ‘stop’”, explique-t-il. “La Carmf m’est tombée dessus. J’ai donc dû appuyer sur la pédale de frein, car je me suis rendu compte que je travaillais pour payer les cotisations. Vous voyez de quoi je parle...” Une caravane au bord de la rivière Désormais, le faux-retraité n’effectue des remplacements que dans deux cabinets. “Quatre à cinq semaines dans l’un, et dans l’autre, c’est une semaine en février, une semaine en juillet”, développe Claude Grellet. Pour dépanner, le temps des vacances. “Je suis un vrai intermittent du stéthoscope ! ”, plaisante t-il.
Pour se loger au gré de ses remplacements, il balaie l’option du studio prêté par ses confrères et blague : “J’ai passé l’âge !”. Alors, à chaque nouvelle mission il part avec sa caravane et s’installe “dans un camping, au bord de la rivière”.
Et la retraite dans tout ça ? “J’en profite assez tout le reste de l’année ! C’est mieux que d’être en pantoufles !”. "Les charges administratives sont insupportables, je m’en rends compte" Claude Grellet découvre donc l'exercice libéral à la retraite. “C’est un nouveau métier, assure-t-il. Les charges administratives sont insupportables, je m’en rends compte. Ce n’est pas déplaisant d’y travailler, mais c’est différent de le faire comme moi, en dilettante. Sinon, c’est très difficile au quotidien.” A Laudun-l’Ardoise, par exemple, au sud-ouest d’Orange, il y avait auparavant trois médecins généralistes. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’un, qu’il remplace ponctuellement. “Ça revient à faire environ 50 actes par jour. Je ne chôme pas !”. Jusqu’à quand compte-t-il encore dépanner ses confrères et remplacer ? Il ne sait pas. “Peut-être encore deux ans. Je fais d’autres choses à côté, j’écris… On verra !”, élude-t-il.
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