Co fondateur du groupe Point Vision, François Pelen commente l'étude qu'il a commandée à l'Ifop et publiée dans le Journal du dimanche, sur les délais d'accès à l'ophtalmologie en France. Il estime que la télémédecine en partageant les rôles entre orthoptistes et ophtalmologistes, pourra réduire considérablement ces délais bien trop élevés.
Egora.fr : L'enquête Ifop/Point Vision met en évidence la gravité de la situation que traverse notre pays : 87 jours de délai d'attente moyen pour accéder à un spécialiste, l'Ouest de la France quasiment désertifié… Quelles commentaires ces résultats vous amènent-ils à faire ? François Pelen : Je relève que par rapport à l'enquête précédente de janvier 2016, on note une certaine stabilisation, évidemment dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes, mais à deux jours près, on est sur les mêmes chiffres. Ce qui est plus embêtant, c'est qu'on observe une forte hausse du nombre de médecins qui ne donnent plus de rendez-vous à de nouveaux patients - je précise qu'il s'agit de patients demandeurs d'un bilan de la vue pour des lunettes, pas atteints d'une pathologie grave ou dans le cadre d'une urgence où les résultats auraient été un peu différents. Nous avons regardé plus en détail la situation de ces médecins qui représentent plus du quart de la profession et vu qu'il y avait une explication rationnelle. Beaucoup de médecins ophtalmologistes se rapprochent de la retraite, et dans ce cas de figure, à quelques mois ou quelques années d'arrêter, ils ne prennent plus de nouveaux patients. C'est logique et c'est un vrai problème. Y a-t-il des solutions ? Je ne fais pas partie de ceux qui veulent désespérer la population et des offres de soins comme Point Vision, qui pratique le travail aidé entre orthoptistes et ophtalmologistes, viennent répondre à un besoin. Dans les 22 départements où nous sommes, le délai est de 60 jours alors que dans les départements où nous ne sommes pas, le délai est de 120 jours. Ensuite, je pense qu'avec l'avènement de la télémédecine, nous sommes très proches de pouvoir proposer des bilans de la vue en télémédecine. Un orthoptiste installé dans une zone défavorisée en spécialistes, pourrait voir le patient et transmettre le dossier par voie électronique au médecin qui valide ou non. S'il valide, il envoie l'ordonnance et dans le cas contraire, il propose un rendez-vous au patient. Contre des délais trop élevés, la télémédecine pourra faciliter l'accès des patients aux soins ophtalmologiques. Vous espérez donc beaucoup de l'article 36 du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2018, qui sort la télémédecine de la voie expérimentale. Oui, mais également du décret de décembre dernier, concernant les protocoles organisationnel (ce décret modifie les règles relatives à l'exercice des orthoptistes, en introduisant la notion de protocole organisationnel. Il réorganise et complète également les actes relevant de la compétence des orthoptistes. Ndlr). Je pense que nous sommes à l'orée d'une nouvelle organisation en ophtalmologie. Il y a donc des solutions. Sur un plan démographique, la profession d'orthoptiste est-elle apte à recevoir ce surcroît d'activité ? Les professionnels sont formés en trois ans, contre 12 à 14 an pour les ophtalmologues. Les étudiants sont très nombreux dans les écoles d'orthoptie car on a desserré le recrutement. Il y a entre 3 et 4 000 orthoptistes aujourd'hui, et des projections évaluent leur nombre à 7 000 dans les 5-7 ans qui viennent.
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus