Des médecins danois viennent de déposer une plainte contre l'Agence européenne des médicaments (EMA). Ils l'accusent d'avoir biaisé une expertise sur les vaccins contre le cancer du col de l'utérus.
Plusieurs médecins, chercheurs et institutions scientifiques ont déposé une plainte contre l'Agence européenne des médicaments (EMA). Ils l'accusent de négligence dans le traitement d'une alerte de médecins danois suspectant des effets indésirables consécutifs à une vaccination contre le papillomavirus, rapporte Le Monde. L’affaire commence à l’été 2015. Louise Brinth, médecin à l’hôpital de Copenhague, signale aux autorités sanitaires danoises plusieurs dizaines de cas de jeunes filles ayant été vaccinées contre le HPV et ayant présenté, dans les mois suivants, des troubles peu spécifiques, rassemblés sous diverses appellations : "syndrome de fatigue chronique", "syndrome douloureux régional complexe", "syndrome de tachycardie orthostatique posturale" … Le Danemark saisit alors la Commission européenne. Celle-ci demande à l’EMA d’examiner la possibilité d’un lien avec les vaccins anti-HPV, notamment Gardasil et Cervarix. Quelques mois plus tard, en novembre 2015, l’agence européenne rend publique une opinion de quarante pages, écartant tout lien de causalité. "Nous ne disons pas que ce lien de causalité est certain ou que le rapport bénéfice/risque de ces vaccins est défavorable, dit Peter Gotzsche, l’un des plaignants, professeur de médecine.Ce que nous contestons, c’est la manière dont l’EMA a traité cette alerte."
"C'est comme si vous demandiez au chat de surveiller le lait"
Avec d'autres, Peter Gotzsche obtient à l’automne 2015 un rapport intermédiaire confidentiel de 256 pages de l’EMA. "Ce rapport confidentiel raconte une tout autre histoire que l’opinion rendue publique, qui dédouane les vaccins en donnant une impression d’unanimité des experts, explique Peter Gotzsche.Dans le rapport confidentiel, on voit au contraire que certains d’entre eux se montrent très critiques vis-à-vis de certains arguments." La méthodologie est aussi interrogée. "Dans toute la documentation à laquelle nous avons eu accès, nous n’avons vu aucune trace d’une analyse indépendante des données par les experts de l’EMA, explique Tom Jefferson, coauteur de la plainte.L’EMA a posé une série de questions aux fabricants, qui ont interrogé eux-mêmes leurs propres bases de données. Mais l’EMA n’a pas vérifié ces données, elle n’a pas conduit les analyses par elle-même ! C’est comme si vous demandiez au chat de surveiller le lait…" De son côté, l’EMA répond que d’autres sources de données ont été consultées, comme la littérature scientifique ou la base EudraVigilance, qu’elle maintient, et qui rassemble les effets indésirables suspectés. [Avec Lemonde.fr]
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