Depuis ce week-end, la vaccination contre le Covid-19 a été ouverte à tous les professionnels de santé de moins de 65 ans. Mais à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, certains n’ont pas eu à attendre autant de temps pour recevoir les fameuses injections… France Info révèle que la direction de l’hôpital a, en effet, procédé à la vaccination d’une vingtaine de ses “gouverneurs” et donateurs, contre l’avis et les recommandations de la Haute Autorité de santé.
Parmi les membres du Board of Governors (équivalent de notre conseil d’administration), se trouvent des personnalités internationales, y compris des industriels, dirigeants d’entreprises, banquiers, diplomates, avocats… La radio cite par exemple le cas d’Arnaud Lagardère, âgé de 59 ans, ou la femme de Bruno Bouygues, Hélène Lee Bouygues, âgée de 45 ans. Toujours selon France Info, en plus de ces gouverneurs, d’autres éminents donateurs et membres âgés de leurs familles ont pu bénéficier des injections. Interrogé, l’établissement assure avoir vacciné “toutes les personnes volontaires et éligibles intervenant dans l’hôpital (médecins, soignants, administratifs, gouverneurs, prestataires de ménage, de sécurité et de restauration, volontaires bénévoles) selon les critères du ministère de la Santé et conformément aux directives des autorités sanitaires” mais invoque le secret médical lorsqu’il s’agit de préciser les identités des gouverneurs vaccinés.
Vaccination coupe-file
Contacté par France Info, des hauts responsables du public et du privé ont confirmé l’existence d’une vaccination “coupe-file” ou “passe-droit”. L'hôpital américain est d’ailleurs loin d’être un cas isolé. “Durant le premier mois de la vaccination, on a immédiatement entendu parler de vaccinations 'coupe-files' dans des établissements privés mais aussi dans des centres de vaccination publics pourtant agréés par les autorités sanitaires. Mais c’est très difficile à prouver et comme l’objectif est de vacciner le plus grand nombre de Français, ce comportement, s’il est moralement répréhensible, n’est pas condamnable par la loi”, témoigne l’un deux, souhaitant rester anonyme.
Un syndicaliste de la Fédération santé sociaux de la CFDT Île-de-France confirme lui aussi : “Dès le début de la campagne nationale de vaccination, des collègues en clinique m’ont évoqué des injections coupe-files pour contourner la pénurie ou l’incertitude d’un rendez-vous dans un centre de vaccination. Une collègue d’une clinique parisienne a vu un médecin, sa femme et ses deux enfants vaccinés de la sorte."
D’où viennent donc les doses de vaccin ? Il s’agit du vaccin Pfizer-BioNTech, fourni par l’ARS Île-de-France aux hôpitaux et cliniques privées, destiné à vacciner en priorité leurs personnels soignants et non soignants âgés de 50 ans et plus, ou présentant des facteurs de comorbidités. De son côté, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a assuré qu’il n’accepterait pas de “passe-droits”. “S'il y en avait, ce serait regrettable. Et je le dirais aux intéressés”, a-t-il indiqué à la radio.
[avec France Info]
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