Une "mascarade" : Plus de 100 médecins du CHU de Limoges boycottent la procédure de certification de l’hôpital
C’est une situation inédite qui se passe au CHU de Limoges. Jeudi 5 mai, une centaine de médecins de l’établissement ont voté en faveur du boycott de la procédure de certification – obligatoire tous les quatre ans – de l’hôpital, qui est censée évaluer le niveau de qualité et de sécurité des soins prodigués dans la structure. Les experts de la Haute Autorité de santé (HAS), en charge de réaliser cette évaluation cette semaine, ne pourront donc pas compter sur les retours de ces quelque 100 médecins. Ces derniers estiment en effet qu’il s’agit d’une "mascarade", rapporte Libération. Car pour les praticiens s’y opposant, cette procédure ne tient pas compte des réalités de terrain. "C'est une grille d'évaluation très binaire avec des questions très ciblées, auxquelles on ne peut répondre que par oui ou par non, sans texte libre. Sans la possibilité de faire remonter les difficultés plus spécifiques", explique le Dr Sylvain Palat, membre du collectif inter-hôpitaux, à France 3. "Si on fait cette certification, cela veut dire que tout va bien et que dans cinq ans, ce sera encore pire !", ajoute le Pr Arnaud Jaccard, chef du service d'hématologie et également membre du collectif, qui a vu les conditions se dégrader au fil du temps.
"Tous les hôpitaux dans les environs l’obtiennent, même ceux qui n’ont quasiment plus de médecins. Grosso modo, le travail des experts de la HAS consiste à vérifier que les portes des chambres des patients ferment correctement, en évitant de s’interroger sur les 50 brancards qui stagnent aux urgences ou sur la pénurie de soignants", fustige encore le Dr Jaccard, cette fois dans les colonnes de Libération. "Cet outil permet aux directions d’établissement de communiquer sur le fait que tout va bien, alors que c’est faux ! Il est de notre devoir éthique de le dénoncer", renchérit son confrère, le Dr Sylvain Palat, opposé à cette "hypocrisie". L’idée de ce boycott découle de la publication en janvier d’une tribune dans Le Monde rédigée par un collectif de plus de 200 soignants qui s’érigeaient contre cette procédure qui ne tient pas compte des conditions de travail des personnels et d’accueil des patients. A Limoges, on pointe un record de maltraitance fin mars avec 96 patients entassés dans des brancards aux urgences – qui ne peuvent théoriquement en accueillir que 14. Malgré le boycott de près d’un tiers des effectifs médicaux, la HAS a assuré à Libération que la procédure suivait son cours en lien avec la direction de l’hôpital et la commission médicale d’établissement. Pour la direction du CHU en effet, l'objet de cette certification n'est pas de relever les difficultés de l'hôpital public, mais d'en "évaluer le niveau de fonctionnement global", écrit France 3. Affaire à suivre… [avec libération.fr]
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