Orléans, Jonzac, Laval, Cherbourg, Cahors… La liste des hôpitaux qui craquent et sont contraints de fermer des lits et des services s’accumule de jour en jour. En cause : un manque de soignants qui se fait ressentir sur l’ensemble du territoire et ne permet parfois plus de garantir une prise en charge de qualité aux patients. Face à cette situation de crise historique, de nombreux représentants de professionnels de santé tentent d’alerter les pouvoirs publics. Invité sur le plateau de BFMTV/RMC ce jeudi matin, le ministre de la Santé s’est défendu de ne pas avoir fait le nécessaire pour permettre le recrutement de soignants. "Est-ce qu’il y a un hôpital qui ne peut pas recruter de soignants parce qu’il n’aurait pas le budget pour le faire ? La réponse est non, a-t-il assuré. Il y a des postes, il y a des budgets, de l’argent, des salaires qui ont été augmentés pour recruter suffisamment." Selon le ministre, le manque de soignants n’est pas "un problème de salaires". "Je crois que c’est un problème d’organisation, de bureaucratie, de charge administrative" et "de fatigue" deux ans après le début de l’épidémie de Covid-19 en France. Pourtant, a-t-il assuré, "il y a aujourd’hui plus de soignants en exercice dans nos hôpitaux qu’il n’y a deux ans", en équivalents temps plein salariés. Et ce notamment grâce à la suppression du numerus clausus "dès le début du quinquennat dernier".
Alors pourquoi les hôpitaux ne parviennent-ils plus à tenir ? s’est interrogé la journaliste Apolline de Malherbe. A cause de la hausse de la demande liée aux déserts médicaux en ville, avance le ministre. "Quand vous ne trouvez pas de médecin en ville, vous allez aux urgences" où "vous trouvez déjà beaucoup de malades". "Ça va fatiguer les équipes d’urgentistes et les soignants" qui "en plus ont des difficultés à trouver des lits d’aval puisqu’il y a encore 7.000 patients atteints de Covid dans nos hôpitaux." Ce dernier a ainsi fustigé les politiques de limitation du nombre de médecins formés menées durant des décennies et qui ont créé des déserts médicaux : "Pendant cinquante ans on a empêché la France de former des médecins. C’était idiot de le faire." Le ministre, candidat à sa réélection en Isère pour les législatives, a déploré que les "conditions d’accueil ne [soient] pas les conditions idéales que je souhaiterais pour l’hôpital dans [son] pays". En revanche, il a assuré que "la qualité des soins est au rendez-vous". "Nous avons des soignants d’extrême qualité avec une très forte vocation", "des hôpitaux modernes qui ont montré leur efficacité" car "ils n’ont jamais craqué face aux vagues Covid". Mais Olivier Véran a reconnu "la pression importante" qui pèse actuellement sur les épaules des soignants. Ce dernier a néanmoins affirmé avoir "amélioré [leurs] conditions de travail [à travers] le Ségur de la santé : 200 euros d’augmentation, ce n’est pas rien."
"Pas un hôpital manque de budget pour recruter. Je ne crois pas que ce soit un problème de salaire, je crois qu'il y a un problème d'organisation, de bureaucratie".
— RMC (@RMCInfo) May 12, 2022
Olivier Véran répond aux questions d'Apolline de Malherbe. pic.twitter.com/5KnRqLHgyv
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