Lors de son long discours au congrès de la refondation du Front national à Lille, dimanche dernier, Marine Le Pen a brocardé une fois de plus, l'Aide médicale d'Etat (AME), accusée de plomber les comptes sociaux. Dans sa rubrique "Les décodeurs", Le Monde s'est employé à rétablir des faits, déformés par ces "affirmations contestables".
Lors de ce discours, le quotidien du soir relève que la patronne du FN a usé d'un argumentaire qui "comportait plusieurs arrangements avec les faits". Sont ainsi cités, le cas des traités de libre-échange, de la réforme du système carcéral et de l'AME. Sur ce dernier point, Marine Le Pen n'a pas dérogé à l'engagement 71 de son programme présidentiel, de suppression de l'AME. Le FN accuse l'aide médicale d'Etat, déployée en direction des "clandestins", d'avoir un coût démesuré au détriment d'économies potentielles pour l'Etat. A son congrès, la présidente est restée dans le flou, interrogeant la foule devant elle : "Quel est donc ce poste de dépenses qui ruine notre pays et dont on ne parle pas ? L’aide médicale d’Etat attribuée aux clandestins : un ou peut-être même deux milliards d’euros !". Des propos qualifiés de "contestables et dangereux" par Le Monde, qui développe un contre argumentaire. L’AME s’adresse principalement aux résidents étrangers en situation irrégulière et précaire, rappelle le quotidien, soulignant que ces derniers doivent séjourner sur notre territoire depuis au moins trois mois et bénéficier de ressources ne dépassant pas un certain plafond, le même que pour la CMU. L'AME couvre notamment les soins médicaux, les frais d’hospitalisation et d’intervention chirurgicale, certaines vaccinations ou encore la contraception. Mais "contrairement à une idée reçue persistante", elle ne donne, en revanche, pas droit à des soins de "confort", mais simplement à un panier de soins restreint. Le projet de loi de finances pour 2018 a fixé les crédits du dispositif à 931,7 millions d'euros pour un peu plus de 300 000 bénéficiaires, précise encore le quotidien. "On peut y voir comme Marine Le Pen, un cout considérable pour les finances publiques, mais il est fallacieux d'affirmer que supprimer cette aide permettrait d'économiser purement et simplement cette dépense", ajoute-t-il. Et de rappeler que l'idée de mettre en place une franchise de 30 euros à l'AME, testée par le gouvernement de droite en 2011, retirée par la gauche par la suite, a engendré des retards dans l'accès aux soins et "in fine, un renchérissement de la dépense", avait conclu un rapport parlementaire publié en 2015. Ce qui tient au fait que "l'état de certains patients s'était aggravé, et que le coût final pour l'Etat avait été plus élevé que si les soins étaient intervenus plus tôt", explique Le Monde. Lequel estime qu'au -delà des considérations économiques et éthiques (notamment pour le personnel médical) d’un tel choix, "supprimer l’aide médicale d’Etat pourrait aussi poser de réels problèmes de santé publique. Ne pas accorder un minimum de soins aux personnes présentes sur le territoire français, favorise la propagation de pathologies contagieuses", conclut-il. [Avec Lemonde.fr]
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