L'hôpital a beau soigner "quoi qu'il en coûte" depuis plusieurs mois, il n'y a toujours pas de lits magiques. Pour accueillir des milliers de patients supplémentaires en réanimation, il faut "déprogrammer" massivement des opérations et des consultations. Un jeu de vases communicants qui permet à chaque établissement public ou privé - après déclenchement de son "plan blanc" - de récupérer des personnels qualifiés afin de renforcer ses services de soins critiques (réanimation, soins intensifs et surveillance continue, en fonction du niveau de gravité). Jusqu'à la semaine dernière, la doctrine variait d'une région à l'autre, avec des ARS demandant l'activation uniforme des "plans blancs", d'autres seulement dans certains territoires, voire renvoyant la décision aux hôpitaux et cliniques. Olivier Véran a finalement demandé fin octobre à tous les directeurs d'établissements de "déclencher sans attendre (...) les premiers paliers de déprogrammation", ou de passer aux "paliers plus élevés" dans les régions "les plus en tension" en "déprogrammant toutes les activités (...) pouvant l'être" - sauf pour les cancers, les greffes, les "soins urgents" et la psychiatrie. Le ministre de la Santé souhaitait ainsi "atteindre le plus rapidement possible les capacités maximales" en lits de réanimation. Leur nombre, déjà relevé de 5.100 à 5.800 après la première vague épidémique, était monté à 6.400 début novembre et devait atteindre 7.500 cette semaine, selon le gouvernement.
Plus de la moitié (4.321) étaient occupés vendredi par des malades du coronavirus et au moins 6.000 sont attendus mi-novembre dans le meilleur des cas, selon les projections de l'Institut Pasteur. Pour soigner ces patients sans négliger les autres, Emmanuel Macron a annoncé que les capacités de réanimation seraient augmentées à 10.000 lits, comme lors de la première vague - qui avait culminé à 7.148 malades du Covid en réanimation le 8 avril. "Tous les établissements contribuent" En Auvergne-Rhône-Alpes, épicentre de la deuxième vague, elles ont déjà presque doublé, de 550 à "environ 1.000 lits équipés" selon l'ARS, qui a fixé la cible à 1.200 dans les prochaines semaines. Dès octobre, avant même les consignes du ministre, elle avait appelé tous les établissements de la région à "déprogrammer l'ensemble des activités chirurgicales non urgentes et sans perte de chance avérée à court terme". Interrogée vendredi, l'administration n'était toutefois "pas en mesure de dire quel est le taux de déprogrammation" dans la région, même si "à (sa) connaissance, tous les établissements contribuent" à l'effort. Même chose en Occitanie, passée de 478 à 640 lits "armés" en réanimation...
mais où l'ARS "ne dispos(ait) pas de chiffres stabilisés" sur les déprogrammations vendredi. Le CHU Toulouse était pour sa part "autour de 25 à 30%" d'activités reportées, selon son directeur général Marc Penaud, qui a estimé lors d'un point presse que ce taux n'était "pas élevé", en tout cas "beaucoup moins que dans certains gros CHU". Aux Hôpitaux de Marseille (AP-HM), cette proportion était en effet de l'ordre de deux tiers jeudi, avec seulement 30 blocs opératoires encore ouverts sur 90. Idem à Toulon, où 60% des opérations vont être différées à partir de lundi. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est déjà passée de 450 à 760 lits de réanimation et l'ARS a sonné le branle-bas de combat vendredi, avec "une déprogrammation des activités médico-chirurgicales non urgentes" pour passer à 850 lits. En Île-de-France, "la moyenne régionale des déprogrammations (était) de 35%" mercredi, selon l'ARS, qui visait 1.775 lits en fin de semaine contre environ 1.200 en temps normal. En Normandie aussi "30% des activités ont été déprogrammées", pour passer de 238 à 335 lits, tandis que dans les Hauts-de-France, les capacités de réanimation ont été augmentées de 460 à 700 lits et doivent encore monter à 800 lits.
Même en Nouvelle-Aquitaine, plutôt épargnée jusqu'à présent, "la situation hospitalière nécessite d'engager des déprogrammations", expliquait l'ARS cette semaine, tout en assurant que ces décisions "seront ciblées, proportionnées et adaptées".
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