Epidémie de grippe : au moins une vingtaine d'hôpitaux ont déclenché le plan blanc
Mis sous pression par l'épidémie de grippe saisonnière, au moins une vingtaine d'hôpitaux français ont activé leur plan blanc, d'après un décompte de l'AFP.
Alors que toutes les régions de France métropolitaine sont touchées par une épidémie de grippe saisonnière, les hôpitaux peinent à faire face à l'afflux de patients. Au moins une vingtaine ont ainsi déclenché leur plan blanc, révèle un décompte de l'AFP réalisé à partir des informations publiées en ligne par les établissements eux-mêmes. Ce dispositif leur permet de déployer des mesures exceptionnelles : déprogrammations de certaines opérations, rappel de personnels en congés, réaffectations…
Pour beaucoup de professionnels hospitaliers toutefois, ce nombre est largement sous-estimé. "Rien que dans les Pays de la Loire, on a six plans blancs", a indiqué le Dr Dominique Savary, chef des urgences d'Angers, à l'AFP. "On a le sentiment que c’est plus fort qu’habituellement", a, de son côté, commenté la Dre Agnès Ricard-Hibon, porte-parole du syndicat Samu-Urgences de France (SUDF), qui va lancer une enquête afin d'évaluer l'ampleur du phénomène. Le ministère de la Santé n'a, quant à lui, pas été en mesure de donner une estimation du nombre d'hôpitaux dans cette situation.
Au CHU de Nantes, où le plan blanc a été déclenché lundi, la situation est alarmante. Dans une lettre ouverte à la direction, le syndicat FO a dénoncé des temps d’attente atteignant désormais 20 à 30 heures et un "contexte de tensions inhumaines où plusieurs patients âgés attendent désespérément un lit". "Le problème majoritaire, c’est le manque de lits d’hospitalisation, comme toujours", a confirmé la Dre Agnès Ricard-Hibon du SUDF.
"Il faut réserver un nombre de lits dans les services pour l’activité des urgences", a-t-elle réclamé, appelant à "anticiper" davantage ces "crises hivernales prévisibles".
Interrogé en marge d'un déplacement à Rennes sur la vague de plans blancs, le nouveau ministre de la Santé Yannick Neuder a reconnu que cela "traduit bien l’état de tension dans lequel se retrouve notre système de santé". "Une de mes priorités sera de favoriser tout ce qui peut produire du soin sur le territoire", pour "éviter le recours systématique aux urgences", a-t-il déclaré.
"Pas de superposition avec d’autres virus comme le VRS et le Covid"
Si l'épidémie de grippe apparaît dynamique, son ampleur exacte reste à déterminer. "À voir les chiffres, ce n’est pas monstrueux, mais on est dans une taille d’épidémie qui sera probablement dans la fourchette haute cette saison", a indiqué à l'AFP le Pr Bruno Lina, virologue et membre du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars).
"Chez les adultes jeunes, le virus H1N1, ça tape, avec des formes cliniques assez marquées", notamment des personnes qui "sont parfois 48 heures ou 72 heures au lit, avec l’impression d’être épuisés au point de ne pas arriver à se lever", a-t-il poursuivi. Les personnes âgées, plus à risque d'hospitalisation, sont, elles aussi, touchées par cette épidémie.
Responsable du Centre national de référence des infections respiratoires (Institut Pasteur), la Pr Marie-Anne Rameix-Welti juge l'intensité de l’épidémie "comparable aux années précédentes", mais "on ne sait pas encore si l’on a atteint le pic. Il faut voir ce qui se passe dans les deux semaines à venir". En revanche, "cette année, il n’y a pas de superposition avec d’autres virus comme le VRS, qui a baissé, et le Covid, qui est bas".
Toutes les régions métropolitaines ont basculé dans une situation épidémique de grippe dans le sillage de Noël, avec le passage du seuil de 173 cas pour 100 000 habitants. C'est un peu plus tôt que les années précédentes. Pour la dernière semaine de 2024, les syndromes grippaux ont représenté 18,2% des actes de SOS Médecins, 4,9 % des passages aux urgences et 4,2% des hospitalisations après passage aux urgences, d'après un bilan de Santé publique France.
[avec AFP, 20 minutes et Ouest-France]
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