"Sur la région Ile-de-France, nous avons plus de 250 établissements privés. Nous sommes une force d'appoint. Mais nous ne sommes pas sollicités", déclarait Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), le mercredi 25 mars à France Bleu Paris. Cette réalité ne semble, aujourd’hui, plus d’actualité, alors que la région a franchi la barre des 1.000 patients graves.
Dans son enquête, mise à jour ce jeudi 26 mars, Le Guide Santé montre que cette situation s’est, en effet, renversée au vu de l’explosion de nouveaux cas dans la région. “A ce jour, dans les établissements du secteur privé commercial franciliens avec lits autorisés de réanimation*, 299 patients Covid positifs sont soignés, dont 95 en réanimation”, note le site.
Une enquête complémentaire, réalisée ce jeudi, s’est intéressée aux 47 établissements des trois principaux groupes privés de la région : Ramsay santé, Almaviva et Vivalto Santé. 31 cliniques du groupe Ramsay santé et les 5 du groupe Vivalto Santé ont répondu à cette enquête. Elle montre qu’à ce jour, 350 patients testés positifs sont soignés dans les cliniques franciliennes, dont 99 étaient en lits de réanimation.
“Ce chiffre est sous-estimé car il doit y avoir au moins 100 patients de plus au total, assure le Dr Jean-Pascal Del Bano, direction de la publication du Guide Santé. Toutefois, pour les patients ‘lourds’, pour la réanimation, 80% à 90% de l'offre est concentrée sur les 13 établissements avec autorisation de réanimation. Et au vu de la progression de l'épidémie sur la région, ces chiffres auront peut-être doublé demain.” Selon lui, le secteur privé commercial sera “probablement” saturé dans les prochaines 48 heures.
“Les cliniques du secteur privé commercial pourront réellement alléger les hôpitaux si l'ARS le leur demande. Il y a 78 établissements, ce qui augure une forte capacité de réserve notamment en hospitalisation conventionnelle. Pour les patients lourds, au-delà des 13 établissements avec lits autorisés, les cliniques sont, pour la plupart, prêtes à convertir des lits de salle de réveil ou de soins intensifs en ‘lits de réanimation Covid+’”, indique Jean-Pascal Del Bano. Pour cet ancien directeur d’établissements, ces structures joueront “un rôle qui ne sera pas majeur mais pas mineur” dans cette crise sanitaire.
Le Grand Est en tension
Deux autres enquêtes ont été menées en parallèle par Le Guide Santé, toujours en lien avec l’enquête principale “Covid-19 : L’hospitalisation privée est-elle mobilisée ? ”. Celles-ci s’intéressent aux hôpitaux privés de la région Paca et à ceux de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est.
Dans le Grand Est, région la plus touchée par le Covid-19 en France, deux des quatre établissements privés disposant de lits de réa se sont mobilisés pour prendre en charge des patients infectés par le coronavirus. Il s’agit de la polyclinique Gentilly, à Nancy, qui a d'ores et déjà pris en charge 7 patients en réanimation et 11 en hospitalisation conventionnelle. A l’hôpital privé Claude Bernard, 8 des 12 lits de réanimation dédiés aux patients Covid+ sont occupés, et 14 des 38 lits dédiés aux patients Covid-19+ en hospitalisation conventionnelle le sont.
Le site n’est toutefois pas parvenu à confirmer l’annonce de la FHP concernant les 70 places de réanimation qui auraient été libérées dans des cliniques du Grand Est pour soigner des patients Covid-19 confirmés. Mais, d’après les calculs du Dr Jean-Pascal Del Bano, “cette donnée est réelle”.
En Bourgogne-Franche-Comté, Le Guide Santé indique que la situation est moins tendue, quoique “inquiétante”. Sur le territoire, cinq établissements de santé privés sur 16 ont répondu à l’enquête dans les délais.
A Marseille, l’hospitalisation privée s’est particulièrement mobilisée pour décharger le public. Mais la plupart des places libérées demeurent, à ce jour, vides. “Nous recevons, pour l’instant dans le privé, préférentiellement d’abord les patients Covid négatifs pour décharger les hôpitaux. Nous sommes dans l’organisation pour augmenter notre capacité de réanimation en fonction de la demande", a ainsi souligné le Dr Lallemand de l’hôpital Privé Vert Coteau. Quant à Aix-en-Provence, les cliniques avec autorisation de réanimation ne seront pas prêtes, estime le Dr Jean-Pascal Del Bano, “au vu de leur absence totale de communication”.
*Sur les 13 établissements, 11 ont répondu à l’enquête.
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