La tribune de 14 chefs de service contre les risques d'accidents aux urgences

17/01/2019 Par Sandy Bonin
14 chefs de service d'urgences* s'alarment dans une tribune publiée dans Le Monde du fort risque d'accident rencontré par les patients aux urgences. Ils formulent plusieurs propositions concrètes pour enrayer cette multiplication de drames.
 
 
 

"Les récents drames survenus dans des services d’urgence sont un malheur pour les patients et leurs familles. Pour nous aussi, chefs de service d’urgences, et nos équipes, dont la raison d’être est de soigner et de sauver, ils sont chaque fois des tragédies. Or, de tels accidents peuvent maintenant se répéter partout et à tout moment, car le gouffre se creuse entre les besoins et nos moyens", indique la tribune en préambule.

Ils déplorent une saturation permanente des services d'urgences qui "augmente considérablement le risque d’erreurs médicales et use les équipes". Le nombre de visites aux urgences a doublé en 20 ans. "Une des clés du problème est que beaucoup de patients vont aux urgences par défaut : quand ils n’ont pas de médecin traitant ou en son absence, quand le médecin de ville ne sait plus faire les sutures, ou quand il faut un rendez-vous rapide avec un ensemble de spécialistes introuvables en ville. Quand un généraliste veut hospitaliser un patient, plutôt que l’adresser directement dans un service hospitalier qui ne répond pas, il l’envoie aux urgences. Quand une personne âgée ne peut plus rester à son domicile, on l’envoie aux urgences. Quand elle ne peut se déplacer chez son médecin qui ne fait plus de visite à domicile, on l’envoie aux urgences. Quand des familles sont sans abri, elles viennent aux urgences. Quand un traitement lourd à domicile se complique, on vient aux urgences. Quand une maison de retraite n’a pas de médecin, elle envoie ses pensionnaires aux urgences. Quand les soins palliatifs ne sont plus possibles chez soi, on vient mourir aux urgences", listent les signataires.

Les 14 chefs de service réclament "un grand plan en faveur des urgences, d’ampleur similaire à celui porté par Xavier Bertrand sous la pression de notre collègue Patrick Pelloux après la canicule de 2003". Ils demandent également la publication d'un décret sur la sécurité des patients aux urgences sur le modèle de celui publié dans les années 90 qui avait sécurisé la pratique de l’anesthésie dans les hôpitaux en imposant des normes de personnel, de locaux et de matériel. Les signataires réclament également l'étude d'une possibilité de filtrer l’accès aux urgences. "Les patients ne pourraient plus s’y rendre sans avoir appelé une plate-forme téléphonique ou numérique de régulation médicale, issue des actuels SAMU-centres 15. Ces plates-formes guideraient les patients vers les structures adaptées à leur état", expliquent-ils. "Evidemment, l’accès direct aux urgences serait toujours possible en cas d’urgence vitale ou pour ceux qui n’ont pas accès au téléphone", tempèrent-ils. Ils souhaitent que tous les hôpitaux soient soumis à l’objectif zéro brancard et demande que certification sanctionne cette obligation de sécurité et de dignité. Ils préconisent également que tous les services d'urgences se dotent d’une unité dédiée aux patients âgés, avec un personnel spécialisé. Enfin, ils demandent plus de transparences, avec des indicateurs de qualité scientifiquement fiables. "Un patient âgé souffrant d’une fracture du col du fémur doit être opéré avant quarante-huit heures. Au-delà, le risque de complications mortelles augmente. Les hôpitaux devront publier leurs délais d’intervention", citent-ils comme exemple.   *Les signataires : Pr Philippe Juvin, chef de service des urgences, hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), Paris ; Dr Marie-Christine Ballester, chef de service des urgences, hôpital Foch, Suresnes ; Dr Sebastien Beaune, chef de service des urgences, hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt ; Pr Enrique Casalino, chef de service des urgences-SMUR, CHU Bichat, Paris et CHU Beaujon, Clichy ; Dr Arnaud Depil-Duval, chef de service des urgences, CH Eure-Seine, Evreux-Vernon ; Dr Benoît Doumenc, chef de service des urgences, CHU Cochin, Paris ; Pr Luc-Marie Joly, chef de service des urgences, CHU Rouen ; Pr Mehdi Khellaf, chef de service des urgences, CHU Henri-Mondor, Créteil ; Dr Catherine Le Gall, chef du service des urgences, centre hospitalier d’Argenteuil ; Pr Eric Roupie, chef de service des urgences-SAMU 14, CHU de Caen ; Pr Jeannot Schmidt, chef de pôle SAMU-SMUR-Urgences CHU Clermont-Ferrand/CH de Riom ; Dr Mathias Wargon, chef de service des urgences-SMUR, CH de Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; Pr Eric Wiel, chef de service des urgences-SAMU du Nord, CHU de Lille ; Dr Caroline Zanker, chef de service des urgences, hôpital franco-britannique de Levallois. [Lire l'intégralité de la tribune sur lemonde.fr]

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

0 commentaire
3 débatteurs en ligne3 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Enquête
Abandon des études de médecine : enquête sur un grand "gâchis"
05/09/2024
15
"Dans cette vallée, le médicobus ne remplace pas le médecin traitant" mais assure "la continuité des soins"
17/09/2024
2
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2
Podcast Vie de famille
Le "pas de côté" d'un éminent cardiologue pour comprendre le cheminement de son fils apprenti chamane
17/05/2024
0
Rémunération
"Les pouvoirs publics n'ont plus le choix" : les centres de santé inquiets de l'avenir de leur modèle...
07/05/2024
5