En 1960 est amorcé le virage du "secteur" : chaque bassin d’environ 70 000 personnes constitue un secteur, avec des CMP où se déroulent des consultations psychiatriques, psychologiques et des prises en charge infirmières. Le but : traiter le malade à un stade précoce, le séparer le moins possible de sa famille et de son milieu, éviter les hospitalisations à répétition. Sur un même secteur, une même équipe se voit confier la prise en charge hospitalière et extrahospitalière, en lien avec les différents acteurs sanitaires et médicosociaux. "De 1970 à 1990, 88 000 lits d’hospitalisation sont fermés. Et la durée de séjour passe de 250 à 57 jours", rappellent ainsi les Prs Llorca et Leboyer dans leur livre Psychiatrie : l’état d’urgence.
Aujourd’hui, 80 % de l’activité en psychiatrie se gère ainsi à l’extérieur de l’hôpital. La tendance est toujours à sortir les patients de l’hôpital, pour leur permettre plus d’autonomie. Ce qui entraîne des fermetures de lits et devient la source de nombreux dysfonctionnements. "Hôpital sans lit", "Redonnons du sens à notre travail" . Les banderoles accrochées aux fenêtres de l’hôpital de Rennes en grève le rappellent : la prise en charge extrahospitalière ne se fait pas sans heurts. Car, succédant aux fermetures de lits, les moyens du suivi ambulatoire n’ont pas augmenté en conséquence. "Outre le manque de propositions alternatives à l’hospitalisation, les réponses apportées par cette psychiatrie de premier recours ne sont pas adaptées à toutes les situations de prise en charge psychiatrique, critiquent les Prs Llorca et Leboyer. La stagnation des moyens ajoutée à la répartition géographique très hétérogène de l’offre de soins n’a en effet pas permis de faire face à la forte augmentation de la demande de soins psychiatriques. De la théorie à la pratique, la politique du secteur s’est heurtée à des maux français bien connus : l’absence d’évaluation des politiques de santé, l’inachèvement des réformes entreprises, puis leur détricotage", concluent-ils.
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