rein

Greffes de rein : des médecins accusent les Hospices civils de Lyon d'essais cliniques sauvages

Deux médecins accusent les Hospices civils de Lyon (HCL) d'avoir réalisé des recherches "sauvages" sur des patients ayant subi une transplantation rénale à l'hôpital Edouard-Herriot. Les HCL réfutent ces accusations.  

14/04/2025 Par Chloé Subileau
Hôpital
rein

Deux médecins accusent les Hospices civils de Lyon (HCL), et quatre responsables, d'essais cliniques illégaux au sein du service néphrologie de l'hôpital lyonnais Edouard-Herriot, a annoncé vendredi 11 avril leur avocate à l'AFP. Ces accusations sont réfutées par les Hospices de Lyon. 

En décembre 2024, les deux praticiens hospitaliers - qui ont depuis quitté l'établissement – ont déposé une première plainte auprès du parquet de Lyon. Sans réponse du ministère public, ils ont annoncé déposer une nouvelle plainte pour mise en danger de la personne, violences mortelles, faux et usage de faux en écriture publique, non-assistance à personne en danger et pratique illégale d'investigation clinique auprès du pôle santé publique du tribunal de grande instance (TGI) de Marseille.

Médecins, serez-vous prêts à aller exercer jusqu'à 2 jours par mois dans un désert ?

Marie-Caroline Rettori

Marie-Caroline Rettori

Non

C’est n’importe quoi irréalisable, que fait on de la continuité des soins et qui sera responsable ? Et notre vie a 100km de là on ... Lire plus

Les deux plaignants dénoncent des pratiques et des expérimentations lors de transplantations rénales en 2023 réalisées, selon eux, en dehors de la règlementation applicable et sans le consentement des patients, dans un contexte de restructuration conflictuelle des services. Ils dénoncent également des situations de harcèlement moral et sexuel.

Selon ce document, des patients ayant bénéficié d'une transplantation rénale et qui présentaient un risque immunologique ont été traités avec deux médicaments, dont l'un ne dispose pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les greffes rénales. De plus, l'association de ces deux médicaments ne figure pas dans les protocoles de l'hôpital Edouard-Herriot, ni dans les recommandations internationales, selon la plainte consultée par l'AFP. Et les greffes à risque immunologique ont été pratiquées alors que le service n'avait pas l'expérience clinique de ces situations. 

"Parler de recherche ou d'essai clinique ici est faux", ont réagi les Hospices civils de Lyon dans un communiqué, qui tiennent "à rétablir la réalité des faits". Selon les HCL, l'équipe de l'hôpital Edouard-Herriot "a utilisé le rituximab", un médicament ciblant les lymphocytes B - en association avec le basiliximab, un immunosuppresseur disposant d'une AMM pour cette indication. "Bien qu'il soit largement employé chez les patients transplantés, le rituximab ne dispose pas d'AMM chez les patients en transplantation", peut-on lire dans le communiqué.  

Toutefois, il s'agit de "traitements de routine par immunosuppresseurs éprouvés depuis plus de 15 ans", ajoutent les HCL, selon qui cette pratique "s'inscrit dans le cadre légal prévu pour les prescriptions hors AMM". Les HCL assurent également que l'"obligation d'information renforcée du patient" est "systématiquement réalisée par le service".

Enfin, les Hospices civils de Lyon affirment que la décision d'avoir recours à ces traitements "a été prise après une discussion collégiale impliquant plusieurs membres de l'équipe".

Alors que les deux plaignants affirment que ces pratiques ont probablement entraîné une aggravation de l'état de santé d'au moins cinq patients, dont un âgé de 67 ans est décédé, les HCL répondent que les causes du décès de ce patient "sont sans lien avec le traitement qu'il avait reçu 6 mois auparavant". 

 

Le lancement d'une enquête 

Selon les médecins plaignants, leurs alertes sur ces pratiques à la hiérarchie de l'hôpital ont été ignorées et ils ont été écartés du service. "Il n'est pas imaginable que certains médecins, occupant par ailleurs des responsabilités importantes dans la filière et au sein de l'hôpital public, puissent s'affranchir des règles éthiques et du cadre légal encadrant la recherche sur des humains, qui plus est sans leur consentement", a réagi auprès de l'AFP l'avocate des plaignants, Me Christelle Mazza. 

Sur France Info, la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a assuré vendredi qu'"évidemment, immédiatement", une enquête doit déterminer "si l'ensemble des procédures sont suivies". 

La Société francophone de transplantation (SFT) et la Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation (SFNDT) soulignent, de leur côté, que prescrire un médicament hors AMM est "une pratique courante dans de nombreux champs de la pratique médicale dont la transplantation rénale". "Le médicament incriminé (le rituximab) est une molécule utilisée en dehors de son AMM depuis 20 ans chez les patients au moment de leur transplantation" pour prévenir un rejet, écrivent les deux organisations, dans un communiqué.

Enfin, l'association de malades du rein Renaloo a indiqué que le recours à des protocoles "'non totalement validés' constitue parfois la seule opportunité pour certains patients". Toutefois, "leur usage […] fait l'objet d'une information loyale et complète des patients et de leur consentement", a poursuivi Renaloo. L'association n'exclut pas "de se constituer partie civile" aux côté des plaignants si tel n'a pas été le cas.

[avec AFP et France Info

29 débatteurs en ligne29 en ligne
Photo de profil de Henri Baspeyre
13,2 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 10 jours
je croyais qu'il n'y avait qu'à MARSEILLE que ce genre de folklore arrivait! par ailleurs,certains sont outrés de voir le peu de sanctions judiciaires contre le(s) mage(s) de l'IHU Pays en voie de t
Photo de profil de Henri Baspeyre
13,2 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 11 jours
RITUXIMAB/greffe de rein? que dit leur assurance responsabilité civile professionnelle?
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Podcast Médecine légale
"On a fait plus de 1400 autopsies" : le récit du légiste français qui a témoigné au procès de Milosevic
19/03/2025
0
Reportage Démographie médicale
"C'est de la vraie médecine générale" : en couple, ils ont quitté les urgences pour ouvrir un cabinet dans une...
19/03/2025
3
Enquête Démographie médicale
Y aura-t-il trop de médecins en France en 2035 ?
09/01/2025
19