L'intoxication au paracétamol à l'origine du décès Naomi Musenga

12/07/2018 Par Sandy Bonin
Faits divers / Justice

Six mois après sa mort, le procureur de la République de Strasbourg a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire dans l'affaire Naomie Musenga. La paracétamol pourrait être à l'origine du décès de la jeune femme.

"Je procéderai dans les prochains jours à l'ouverture d'une information judiciaire du chef de non-assistance à personne en péril contre l'opératrice du centre des appels d'urgence et tous autres, ainsi que du chef d'homicide involontaire contre X", a annoncé le procureur de Strasbourg, Yolande Renzi, dans un communiqué.   Intoxication au paracétamol   Le procureur a indiqué avoir reçu mardi plusieurs membres de la famille Musenga avec leur avocat et avoir "pu évoquer avec eux les éléments médicaux obtenus" qui expliquent "le décès de Naomi Musenga comme étant la conséquence d'une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours". "La destruction évolutive des cellules de son foie a emporté une défaillance de l'ensemble de ses organes conduisant rapidement à son décès", a précisé Yolande Renzi. La mort de Naomi Musenga, une Strasbourgeoise de 22 ans, décédée le 29 décembre, dont l'appel de détresse avait été traité avec mépris par une régulatrice du Samu, avait soulevé une vague d'indignation dans l'Hexagone. Un document sonore, relatant les échanges entre la jeune femme et l'opératrice, avait été largement diffusé par les médias et les réseaux sociaux. Après le déclenchement de la polémique, le responsable du Samu de Strasbourg avait présenté sa démission et la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait indiqué qu'il n'y aurait pas d'autres sanctions. L'assistante de régulation mise en cause avait été suspendue début mai et devait faire l'objet d'une procédure disciplinaire.   Justice   L'ouverture d'une information judiciaire était une demande très forte des parents de la jeune femme, décédée aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). Reçus mercredi soir par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, à Paris, avec d'autres membres de la famille et leurs conseils, ils se sont dits "soulagés". "Nous pourrons avoir des réponses (...) j'attends que justice soit faite, que les sanctions soient prises, que chacun porte ses responsabilités" et "qu'on nous facilite l'accès aux informations" du dossier, a déclaré Honorine Musenga, la mère de Naomi, sur le perron du ministère. Mais "je ne crois pas que la prise de paracétamol soit la cause qui a précipité le décès de ma fille", qui était "bien informée sur la manière de prendre ce médicament", et "nous allons le prouver", a aussi réagi le père de la jeune femme.

  L'enquête  judiciaire et "la contre-expertise de ceux qui sont avec nous, qui fouillent déjà le dossier" vont "établir certaines responsabilités", et "éclairer certaines zones d'ombre", a-t-il assuré. Parallèlement à une enquête administrative confiée à l'Inspection des affaires sociales (Igas), le parquet de Strasbourg avait ouvert début mai une enquête préliminaire, mais cette procédure ne permettait pas à la famille ou à ses avocats d'accéder au dossier.   Cauchemar   Les dysfonctionnements soulevés par l'Igas avaient entraîné "un retard global de prise en charge de près de 2h20" de la jeune mère de famille, décédée finalement à l'hôpital plusieurs heures après son premier appel aux urgences. Le mois dernier, Me Jean-Christophe Coubris, l'un des avocats de la famille, estimait qu'il était "inacceptable que l'on reste sur ce schéma d'enquête préliminaire", vécu comme "un cauchemar". Me Mohamed Aachour, autre avocat de la famille, avait demandé "que des mises en examen soient prononcées et qu'une information judiciaire soit ouverte".

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