Propos antivax : le Pr Joyeux sanctionné de deux ans d'interdiction d'exercice par l'Ordre des médecins

05/09/2023 Par Aveline Marques
Déontologie
[INFO EGORA] Radié en 2016, avant que la décision ne soit annulée, le cancérologue Henri Joyeux vient d'être à nouveau interdit d'exercice par l'Ordre des médecins. Dans une décision rendue publique vendredi 1er septembre, la chambre disciplinaire nationale lui reproche ses prises de position sur la vaccination des nourrissons et des enfants, en particulier contre le HPV et l'hépatite B, qui avaient fait l'objet de deux pétitions largement diffusées auprès du grand public. 

 

"En critiquant de manière alarmiste, sans s'appuyer sur des données acquises de la science", les préconisations du ministère de la Santé sur l'administration du vaccin contre l'hépatite B et du vaccin hexavalent, et l'avis sur la vaccination contre le papillomavirus émis par le Haut Conseil de santé publique (qui préconisait d'abaisser à 9 ans la vaccination des jeunes filles), le Pr Henri Joyeux a manqué à son obligation déontologique d'"apporter son concours à l'action entreprise par les autorités compétentes en vue de la protection de la santé et de l'éducation sanitaire", considère la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins. Dans une décision publiée vendredi 1er septembre, qu'Egora a pu consulter, elle sanctionne le médecin, qualifié en chirurgie viscérale et en cancérologie, d'une interdiction d'exercice de deux ans, qui doit prendre effet le 1er janvier 2024.  

La chambre disciplinaire, amenée à statuer sur l'affaire Joyeux une deuxième fois suite à l'annulation d'une première décision par le Conseil d'Etat en 2018, reproche également au professeur de ne pas avoir étayé ses critiques par les données acquises de la science. Dans une pétition diffusée en 2014 contre l'abaissement de l'âge de la vaccination contre le HPV, il avait mis en garde les parents contre des "risques de cancer" générés par le vaccin. Dans une autre pétition, diffusée en 2015 et qui a recueilli plus d'un million de signatures, le médecin s'était élevé contre le vaccin hexavalent DTP-coqueluche-HiB-hépatibe B, imposé de fait aux nourrissons étant donné la rupture du vaccin contentant les seules valences DTP, alors les seules obligatoires, alertant contre les dangers des adjuvants aluminiques et contre le risque de sclérose en plaques imputé au vaccin contre l'hépatite B. Dans son blog, le Pr Joyeux faisait allusion à des "poisons" injectés à des nourrissons "directement dans le sang".  

 

La question de la liberté d'expression des médecins 

A l'audience, le 28 juin dernier, le Pr Joyeux avait à nouveau tenté de jouer la carte de l'indépendance que lui confère son statut de professeur des universités. Peine perdue : "les prises de position qui font l'objet de la présente instance sont détachables de toute activité universitaire", a considéré la chambre disciplinaire nationale. Quant au "droit de pétition" dont il s'est prévalu, il "ne s'exerce, en tout état de cause, que dans le cadre de procédures législatives ou règlementaires", a rappelé la chambre. Qui plus est, en faisant "état de sa qualité de professeur", et fort de sa notoriété, le cancérologue n'a pas "agi en tant que simple citoyen". 

Reste la question de la liberté d'expression des médecins. L'article R 4127-13 du code de la santé publique, portant sur l'information du public, pose des limites aux médecins, justifiées par "la protection de la santé", "compte tenu de l'impact que peuvent avoir leurs prises de position publiques", estime la chambre disciplinaire nationale.  

Joint ce mardi après-midi par Egora, l'avocat du Pr Joyeux, Me Jean-François Jésus, n'avait pas encore pris connaissance de la décision. Un pourvoi devant le Conseil d'Etat n'est pas exclu. Une fois les voies de recours nationales épuisées, l'affaire pourrait même aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme.  

Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?

Stéphanie Beaujouan

Stéphanie Beaujouan

Non

Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus

16 débatteurs en ligne16 en ligne
Photo de profil de Paul Touron
231 points
Dermatopathologie
il y a 1 an
Curieusement, les "autorités compétentes"peuvent se permettre d'affirmer la légère. L'autorisation du"vaccin" COVID aux femmes enceintes n'a pas troublé grand monde.
Photo de profil de Christophe Pternitis
25 points
Médecine générale
il y a 1 an
Dinosaure montpellierain (92 ans) je me permettrais de rappeler au Pr Joyeux qu'il doit sa vie éventuellement sa carrière) à son venerable
Photo de profil de Anne Yven
2,5 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 1 an
Il a sa carrière derrière lui, est à la retraite, alors la sanction ordinale lui passe à + 3000! Il dit ce qu'il pense et il a bien raison!
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6