C’est le point final d’une procédure qui dure depuis le 27 juin 2022. Ce jour-là, le directeur général de l’AP-HP et le président de l’Université Paris-Est Créteil prennent la décision de suspendre "à titre conservatoire" un chirurgien cardiaque du CHU Henri-Mondor de Créteil (Val–de-Marne). Dans un communiqué, ils expliquaient que l'atmosphère du service était "perturbée par le climat de suspicion permanente" entretenu "par un chirurgien cardiaque hospitalo-universitaire".
Par la suite, un audit interne avait appuyé leur position en concluant que le comportement de ce médecin "générait un climat potentiellement néfaste à la sécurité des soins", mettant en avant "la gravité de la situation au regard de l’éthique, de la déontologie et de la confraternité". Le 15 mars dernier, les ministres de l’Enseignement supérieur de la Santé ont, à leur tour, décidé de publier un arrêté pour le suspendre de ses fonctions hospitalières et universitaires avant de saisir l’Ordre des médecins.
De son côté, le chirurgien a tenté de faire suspendre ces décisions, arguant que ces dernières pouvaient avoir un "impact sur sa situation financière", sa "réputation" ou même "son expertise professionnelle". D’après ses propos, rapportés par ActuParis, il considérait qu’il ne pouvait pas "entretenir ses compétences" et que la décision portait atteinte "à l’intérêt des patients". Se qualifiant de "lanceur d’alerte", il estimait encore être "victime de représailles" de la part de ses pairs.
Le médecin est également l’auteur de nombreux courriers adressés à la direction de son établissement dans lequel il pointe du doigt des "lacunes managériales" et des "pratiques cliniques non conformes". Selon lui, il y aurait eu à Henri-Mondor des "morts suspectes" parmi les patients, par la faute de "mauvaises pratiques" de ses confrères. D’après ActuParis, il est même allé jusqu’à réaliser une étude sur la mortalité du service de chirurgie cardiaque, en consultant plusieurs centaines de dossiers de patients, "de sa propre initiative".
Ce 5 octobre, le juge des référés du Conseil d’Etat, qui avait été saisi par le médecin pour faire annuler sa suspension, a rapporté que cette "enquête" avait été réalisée alors qu’il n’avait pas reçu les patients en consultation et qu’il ne les avait pas opérés. Il a par ailleurs écopé d’un "blâme" par le Conseil de l’Ordre pour cette raison. Le Conseil d’Etat a quant à lui décidé de débouter le médecin, qui reste suspendu.
[avec ActuParis]
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