La mise en examen d’Éric Gandon des chefs d'homicide involontaire, abus de faiblesse, mise en danger de la vie d'autrui et exercice illégal des professions de médecin et pharmacien a relancé le débat autour de la naturopathie. Au cours d’un des stages de "cures hydriques" organisés par le naturopathe, en août 2021, une femme de 44 ans a en effet trouvé la mort. Une information judiciaire, ouverte à Tours, a permis d’identifier quatre autres victimes, dont deux décédées depuis. De nombreuses voix se sont de nouveau élevées pour demander une réglementation de la profession. "Ce dramatique événement rappelle les dangers auxquels s’exposent les individus qui décident, de gré ou non, d’abandonner les soins prodigués par la médecine traditionnelle pour leur préférer uniquement ceux délivrés par des charlatans. Il est indispensable de rappeler que ces gourous profitent de la vulnérabilité des personnes fragiles, exercent en dehors de tout cadre légal et pratiquent des méthodes qui ne sont reconnues par aucune institution publique ou aucun ordre médical", a souligné la secrétaire d'État en charge de la Citoyenneté. Dans un communiqué diffusé vendredi 13 janvier, Sonia Backes rappelle qu’en octobre 2022, un rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), indiquait "que des thérapies non conventionnelles, portant un risque important en matière de santé publique, s’étaient largement développées dans le cadre de la crise sanitaire en s’appuyant notamment sur des manipulateurs isolés et autonomes, qui propagent leur doctrine sur les réseaux sociaux". "Il est indispensable que les Français soient mieux informés sur les risques importants qu’ils encourent pour leur santé lorsqu’ils participent à ce genre de stages encadrés par des charlatans qui profitent de leur fragilité pour s’enrichir", a ajouté Sonia Backes. "Les professionnels, qui utilisent un discours clivant avec la médecine et qui sous couvert de remèdes naturels mettent la vie de leurs clients en danger, continuent à exercer en toute impunité, a également déploré le syndicat des professionnels de la naturopathie (SPN), dans un communiqué. Ces personnes ne sont en rien des naturopathes car ils ne respectent pas l'éthique de notre métier. Et malheureusement, ce n'est pas la suppression de la plateforme Doctolib qui les a arrêtés concrètement à continuer leurs pratiques."
"Amalgame" Après plusieurs alertes de médecins qui l’ont accusée d’abriter des naturopathes aux pratiques douteuses et dangereuses, la licorne française a en effet annoncé fin octobre avoir déréférencé 5700 professionnels bien-être (hypnothérapeutes, sophrologues, naturopathes et psychanalystes), choisissant de répertorier exclusivement les professions de santé réglementées. Une décision qui a affaibli les naturopathes, regrette le syndicat, qui évoque une "douche froide". Selon lui, certains naturopathes ont essuyé une perte de près de 32% de leur chiffre d’affaires. Assurant que les naturopathes "souffrent terriblement de l'amalgame avec les charlatans pointés du doigt" dans le cadre de la polémique Doctolib, le SPN appelle l’Etat à "agir vite pour faire reconnaître le métier". La profession n’est en effet pas réglementée. "Il en va de la protection des usagers", estime l’organisation. Un appel qui semble avoir été entendu puisque la secrétaire d’Etat a rappelé dans son communiqué que le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, auquel elle est rattachée, organisera des premières Assises des dérives sectaires au printemps prochain. Objectif : mettre au point un plan d'action pluriannuel permettant d'adapter l’action de l’État ainsi que son arsenal juridique à l'évolution du phénomène. "Il y a du ménage à faire, c'est évident, reconnaît la présidente du syndicat des naturopathes, Alexandra Attalauzit. Nous avons déjà alerté sur des organismes de formation qui ne sont pas assez exemplaires sur l'éthique de notre métier. […] Nous voulons réguler, organiser, écrémer, c'est une urgence. Nous devons travailler de concert avec les autorités compétentes pour que la naturopathie soit reconnue comme une pratique de la prévention, complémentaire à notre médecine." Le syndicat souhaite notamment que soient coordonnés les signalements concernant la profession et défend entre autres la mise en place de "titres certifiés par l’Etat, premiers pas tangibles pour réglementer le métier", appelant le Gouvernement "à prendre ses responsabilités". *Selon l’AFP, le syndicat des professionnels de la naturopathie revendique 3300 adhérents sur les 6500 naturopathes français.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus