825 millions d’euros par an, c’est ce que devront mobiliser les pouvoirs publics dans les années à venir d’après les premières pistes du rapport sur le grand âge de Myriam El Khomri, pour embaucher des milliers de salariés supplémentaires dans le secteur de l’aide aux personnes âgées, mais aussi pour mieux les rémunérer et les former. Un rapport commandé en juillet pour répondre aux revendications de 830.000 aides-soignants des Ehpads ou intervenants à domicile. Aujourd’hui, les métiers d'aide-soignant et d'accompagnant éducatif et social sont actuellement peu attractifs : les salariés y sont "peu considérés", souligne le rapport, et si mal payés qu'on compte dans ce secteur 17,5% de ménages pauvres, contre 6,5% pour l'ensemble des salariés. Pour tenter d’y remédier et financer ce plan de 59 mesures, remis à Agnès Buzyn le 29 octobre, l’ancienne ministre du Travail de François Hollande propose notamment de prolonger le remboursement de la dette sociale (CRDS), qui doit s’éteindre en 2024. Certaines de ces propositions pourraient être intégrées à la loi "Grand âge" qui doit être présentée en conseil des ministres en décembre. Suppression du concours d’aide-soignant Dans l’optique d’attirer davantage de candidats au métier d’aide-soignant, actuellement en pleine crise de vocation, le rapport propose d’abord de supprimer le concours d’entrée à l’école d’aide-soignant, comme cela a été fait cette année avec le concours d’infirmier. Myriam El Khomri estime qu’il faudrait former chaque année au moins 70.000 candidats soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Elle suggère également de valoriser les filières par alternance et la validation des acquis de l'expérience (VAE). Des mesures qui devraient ...
s’accompagner d’une campagne de communication pour mettre en avant le rôle utile de ces métiers pour la société. Des embauches supplémentaires Pour relever le défi du vieillissement de la population et pour garantir aux salariés des "conditions décentes d'intervention", il faut augmenter de 20% le taux d'encadrement des seniors, détail le rapport. Avec le manque d'effectifs et une forte pénibilité, ces facteurs expliquent d'importantes difficultés de recrutement dans le secteur, constate l'ancienne Ministre du Travail de François Hollande. Elle préconise donc de créer 92.300 postes en cinq ans, soit environ 18.500 par an pendant cinq ans, dès 2020. Pour arriver à ce chiffre, il faudrait ainsi créer 66.500 postes pour augmenter le taux d'encadrement des seniors, 20.700 postes pour faire face à l'augmentation prévisible du nombre de personnes âgées en perte d'autonomie, et 5.100 postes en équivalent temps plein pour permettre aux professionnels de se libérer quatre heures de travail par mois pour des réunions de concertation. Revalorisation des salaires Myriam El Khomri prône également une augmentation des salaires, via une modification des conventions collectives. Il s'agit selon elle de mettre un terme à des situations qui voient certaines salariées rester au SMIC pendant "9, voire 13 ans". Le remboursement des frais de déplacements des aides à domicile, souvent beaucoup trop faible, doit également être revu, selon la rapporteure, qui préconise d'équiper les salariées de voitures de fonction, ou bien que les fédérations puissent négocier au niveau national, "avec l'appui technique de l'État", des offres avantageuses de location de véhicules avec option d'achat.
[Avec AFP et France Bleu]
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