Statines, antihypertenseurs, antibiotiques… Ces médicaments que pourraient bientôt prescrire les IPA en accès direct

30/10/2023 Par Aveline Marques
Paramédicaux
Des listes de médicaments que pourraient primo-prescrire les IPA dans le cadre de l'accès direct ouvert par la loi Rist de mai 2023 sont actuellement soumises à concertation en vue d'un arrêté. Certains traitements chroniques pourraient ainsi être prescrits "sans diagnostic médical préalable". Dans un communiqué, l'UFML sonne l'alerte. 

 

L'arrêté n'est encore qu'au stade de projet mais il déclenche déjà une levée de boucliers. L'UFML annonce dans un communiqué du 25 octobre avoir mis la main sur un "document de travail" concernant des listes de médicaments et autres traitements que les IPA pourraient être autorisées à prescrire dans le cadre de l'accès direct qui leur a été ouvert par la loi Rist du 29 mai 2023. La présidente du conseil national professionnel (CNP) des IPA, Julie Devictor, confirme à Egora avoir été destinataire de ce document de travail, émanant de la DGOS. "Les CNP IPA et médicaux doivent faire des propositions", précise-t-elle, avant que les listes ne soient soumises pour avis aux ordres, et in fine, à la HAS et à l'Académie de médecine en vue de la parution d'un arrêté. 

 

Arrêt de travail de moins de 3 jours 

Plusieurs listes sont en cours de concertation. L'une serait commune à toutes les IPA, quelle que soit la "mention" de leur diplôme, c'est-à-dire leur spécialité*. En accès direct, elles pourraient ainsi délivrer aux patients adultes qu'elles suivent un arrêt de travail de moins de 3 jours, prescrire un programme d'activité physique adaptée, un transport sanitaire, un antibiotique en cas de cystite ou d'angine après réalisation d'un test positif, ou encore orienter vers un diététicien pour un bilan nutritionnel ou vers un psychologue dans le cadre de "Mon Parcours psy". 

D'autres listes sont spécifiques à chaque "mention" d'IPA et dépendantes de la présence d'un diagnostic préalable ou non. Ainsi, il est proposé de permettre à une IPA de soins primaires de prescrire à un patient "sans diagnostic préalable" des traitements antihypertenseurs, hypolipémiants ou hypoglycémiants de première ligne. Après diagnostic médical, la liste est plus étendue, incluant par exemple des traitements de l'insuffisance cardiaque "dans le cadre d'une conduite diagnostique et de choix thérapeutiques déterminés par un médecin". 

Les CNP sont invités à corriger, étoffer et préciser ces listes. Certaines prescriptions pourraient être conditionnées à la réalisation de formations complémentaires. 

 

"Vente à la découpe" de la médecine générale 

Sans attendre le résultat de ces concertations, l'UFML alerte dans son communiqué sur "la vente à la découpe" et "la destruction la médecine générale". "Oui, l’Etat profite de la pénurie médicale et des difficultés d’accès aux soins, résultats de 30 ans d’incurie politique et d’un manque majeur d’attractivité de la médecine dont il est le seul responsable, pour organiser la fin programmée de la médecine générale, dite de 1er recours" et "pour justifier les transferts de tâches et de compétences qui seront de surcroît sources de prises en charge parcellaires voire dégradées car nos 10 ans d’études ont une plus-value qui n’a pas d’égale", assène le syndicat du Dr Marty. "Nous, médecins, sommes irremplaçables et les seuls garants d’une qualité des soins, d’une expertise clinique et d’une prise en charge optimales et globales", affirme l'UFML. 

 

*Pathologies chroniques stabilisées ; prévention et polypathologies courantes en soins primaires ; oncologie et hémato-oncologie ; maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale ; psychiatrie et santé mentale ; médecine d’urgence. 

21 commentaires
4 débatteurs en ligne4 en ligne
Photo de profil de Romain L
14 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
Finalement, la question de la responsabilité et de la qualité des soins est assez accessoire à mes yeux : ça regarde ces professionnels et les patients qui acceptent de leur confier leur santé. Non,
Photo de profil de Alain Joseph
1,5 k points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 1 an
De toute façon le généraliste est devenu un OS de la médecine. Il y a des pharmaciens qui font 10 ans d'études pour vendre des boîtes et des produits de beauté et d'autres pharmaciens qui au sein de l
Photo de profil de Claude Hestin
352 points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 1 an
Le docteur Marty viens de se réveiller pour constater la mort cérébrale de la médecine générale Trop tard nos technocrates sont déjà passé avec le corbillard Pour ressuciter laissons le cadavre a
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête
Soirées d'intégration en médecine : le bizutage a-t-il vraiment disparu ?
02/10/2024
2
Concours pluripro
Maisons de santé
Objectif 4000 maisons de santé : les enjeux des prochaines négociations conventionnelles
07/11/2024
2
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
5
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2