La ministre de la Santé vient de présenter son plan santé mentale et psychiatrie, alors qu'on recense 7 millions de personnes en soins, pour un coût global de 23 milliards d'euros par an. Dans cette population, la surmortalité est 2,6 fois plus importante, signale la CNAM. Les malades y ont 2,8 fois plus de risques de mourir de manière prématurée, notamment de suicides. La ministre de la Santé veut entraîner les médecins généralistes à s'investir en réseau de soins primaires, à la détection et aux soins de ces populations particulièrement fragiles.
Trois grands axes d'intervention et 37 mesures : tel est l'arsenal du ministère de la Santé pour "changer le regard sur la santé mentale et les personnes atteintes de troubles psychiatriques". Cette feuille de route vient d'être présentée par la ministre de la Santé, aux côtés de son homologue des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, à l'occasion du 1er comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie, le 28 juin dernier.
- Promouvoir le bien être mental, prévenir et repérer précocement la souffrance et les troubles psychiques et prévenir le suicide.
80% des troubles se déclarant entre 15 et 20 ans, une attention toute particulière sera portée sur le bien être mental des jeunes pour préserver leur santé mentale et augmenter leurs chances de rétablissement, précise le ministère. Ainsi, le lancement de l’expérimentation Ecout’Emoi sur trois régions permettra d’adresser des jeunes de 11 à 25 ans vers des consultations de psychologues prises en charge par l’assurance maladie, après une évaluation par les médecins généralistes.
Le développement des compétences psychosociales (gestion des émotions, du stress, des conflits...) sera encouragée dès le plus jeune âge, en lien avec l’éducation nationale et les étudiants seront formés aux premiers secours en santé mentale.
Parallèlement, un plan d’ensemble contre le risque suicidaire sera déployé sur tout le territoire, sous le pilotage des Agences Régionales de Santé, notamment le dispositif VigilanS, de recontact systématique des personnes ayant fait une tentative de suicide. Des actions de prévention de la souffrance au travail seront mises en place, notamment pour les professionnels de santé et médico-sociaux. Enfin des actions de sensibilisation ou de formations des médecins, des médias, des usagers des services de santé mentale et de la population générale contribueront à déstigmatiser ces maladies et les personnes touchées.
- Garantir des parcours de soins coordonnés et soutenus par une offre en psychiatrie accessible, diversifiée et de qualité.
Pour revaloriser la psychiatrie, sont notamment prévues, l’ouverture d’un stage en santé mentale pendant le second cycle des études de médecine et pendant le 3ème cycle des études de médecine générale ; l’augmentation du nombre des professionnels formés (notamment PU-PH et chefs de cliniques en pédopsychiatrie) ; la meilleure complémentarité des interventions d’infirmier, de psychomotricien, et d’orthophoniste ; le développement de la recherche en psychiatrie (appel à projet sur la pédopsychiatrie en 2018) ; une meilleure allocation des ressources et une réflexion sur l’évolution du financement de la psychiatrie.
Pour structurer le parcours de santé mentale afin de favoriser le repérage des troubles et l’accès aux soins de santé mentale le plus tôt possible, les conditions de mise en œuvre des Projets territoriaux de Santé mentale (PTSM) seront précisées. Ils doivent permettre à tous les acteurs concernés (secteurs de psychiatrie, équipes de soins primaires, communautés professionnelles territoriales de santé, plates-formes territoriales d’appui, médecins généralistes et spécialistes, établissements et services médico- sociaux, collectivités territoriales…) de se rassembler dans des réseaux territoriaux de partenariats, pour structurer une offre de proximité, sanitaire et sociale, assurant une continuité du suivi tout au long du parcours. Le recours à la télémédecine sera également encouragé pour les populations fragiles et dans les zones sous denses.
- Améliorer les conditions de vie et d’inclusion sociale et la citoyenneté des personnes en situation de handicap psychique.
Pour pouvoir continuer à vivre au milieu de tous, le personnes bénéficieront de l’appui du dispositif d’ "emploi accompagné" qui va se déployer sur l’ensemble des territoires. L’accès et le maintien des personnes dans un logement autonome ou accompagné est une autre condition essentielle de leur autonomie. A cet effet elles bénéficieront, outre de l’extension du dispositif "un chez soi d’abord", de l’accès au dispositif d’habitat inclusif prévu dans le projet de loi ELAN. Enfin un appui renforcé sera apporté aux groupes de pairs qui permettent de mieux recueillir leur parole et de partager et valoriser leur expérience.
La sélection de la rédaction
Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?
François Pl
Non
Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus